DES CHIFFRES méritent d’être rappelés. Premièrement, en France, le cancer colorectal est le 2e cancer le plus fréquent. Deuxièmement, ce cancer constitue, toujours en France, la 4e cause de décès par cancer.
Par ailleurs, on sait que les polypes hyperplasiques sont les lésions colorectales les plus fréquentes : près d’un quart de la population européenne en développe. Ces polypes ont longtemps été considérés comme bénins et à l’heure actuelle, comme l’indique un communiqué de l’INSERM, aucun suivi n’est recommandé pour ces patients après l’ablation chirurgicale de ces polypes. Pourtant certains pourraient être des précurseurs de cancers colorectaux. Jusqu’à présent, rien ne permettait d’identifier le sous-groupe de polypes qui pouvait avoir un potentiel malin.
Il était donc important de trouver un marqueur prédictif du risque de cancer colorectal chez les patients présentant des polypes hyperplasiques, qui sont les polypes considérés comme les plus bénins.
C’est dans ce contexte que se situe le travail de l’équipe de de deux chercheuses de l’INSERM, Catherine Seva et Audrey Ferrand (UMR INSERM/Université Toulouse III-Paul Sabatier ; centre de recherche en cancérologie de Toulouse).
Sur dix ans, 74 patients.
Les chercheurs toulousains ont réalisé une étude clinique rétrospective : sur une période de dix ans, ils ont analysé, sur des polypes hyperplasiques de 74 patients, la présence dune protéine, la progastrine, déjà connue pour être impliquée dans la cancérogenèse colique (cette protéine, produite par les cellules tumorales colorectales, n’est pas présente dans les cellules coliques saines). L’objectif du travail était de déterminer si l’expression de la progastrine pouvait prédire l’apparition de lésions cancéreuses dans les années suivant la résection chirurgicale des polypes.
Résultat : les chercheurs ont montré une association significative entre des taux élevés de progastrine et la survenue ultérieure de lésions précancéreuses. « Alors que ces polypes étaient considérés comme bénins et sans risque, 100 % des patients qui présentaient des taux élevés de progastrine ont développé dans les deux à dix ans des adénomes, reconnus comme des lésions précoces du cancer colorectal. À l’inverse, chez les patients n’exprimant pas ou très peu cette molécule, aucune lésion ne s’est développée dans les deux ans qui ont suivi le retrait des polypes. »
Les chercheurs ont établi un test prédictif basé sur l’âge du patient et le marquage par immunohistochimie de la progastrine. Ce test permet de prédire, avec de très bonnes sensibilités et spécificité, la survenue de tumeurs chez les patients ayant développé un polype hyperplasique.
« Alors qu’aucun suivi n’est recommandé à l’heure actuelle chez ces patients, mesurer l’expression de la progastrine dans les polypes hyperplasiques sert à connaître la population de patients présentant un risque élevé de développer une lésion précancéreuse », conclut Audrey Ferrand.
ll pourrait être envisagé d’inclure un plus grand nombre de patients pour valider ce test en routine.
Ces travaux ont fait l’objet d’un dépôt de brevet par Inserm Transfert.
Catherine Do, Claudine Bertrand, Julien Palasse, Marie-Bernadette Delisle, Arthur Shulkes, Elizabeth Cohen-Jonathan-Moyal, Audrey Ferrand, Catherine Seva. Cancer Prevention Research, publication en ligne. http://dx.doi/org/10.1158/1940-6207.
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