CETTE CHIRURGIE représente un espoir pour certains patients souffrant d’une tumeur du foie placée à un endroit non accessible à la chirurgie conventionnelle, explique le Pr Karim Boudjema, qui a opéré lundi 26 novembre la patiente. Cette dernière présentait un cholangiosarcome, une tumeur à potentiel évolutif lent, qui demeure très longtemps silencieuse avant d’être symptomatique. Très volumineuse, la tumeur envahissait 60 % du foie, mais il n’y avait pas de métastases. En revanche, le pédicule hépatique et les veines sus-hépatiques étaient concernés. Les techniques conventionnelles n’étaient pas applicables. « In situ, la reconstruction de l’artère hépatique, de la veine porte, des veines sus-hépatiques sont très difficiles. On ne peut réparer correctement que si l’on prend son temps. » La reconstruction ex-vivo est « incomparablement plus précise ».
Pour ce « travail sur établi » (bench surgery), on a mis la patiente sous circulation extra-corporelle et extrait son foie. Ce dernier a été réfrigéré à 4°. Une ablation minutieuse à l’aide d’un bistouri à micro-ondes des parties atteintes a été réalisée, en maintenant l’organe à 4°, ce qui a pris 2 heures 30. Un volume de 30 % du foie sain a été replacé dans l’abdomen de la patiente. L’intervention a duré au total pratiquement huit heures. « Le foie se régénère très rapidement », explique le spécialiste. « Au bout de 3 semaines, 70 % du volume est retrouvé. Il faut ensuite quelques mois pour récupérer les 30 derniers pour cent. »
La cinquième fois en 10 ans.
Pour la cinquième fois en dix ans, cette équipe a réalisé ce que l’on appelle aussi « auto-transplantation hépatique », à chaque fois pour une tumeur cancéreuse, les patients répondant à un ensemble de critères stricts. Parmi les 4 patients précédents, deux ont récidivé, un a vécu 10,5 ans puis est décédé d’un autre cancer et le dernier va très bien, un an et demi après son opération.
C’est des expériences d’intervention en extemporané sur le rein, pour l’ablation de tumeurs complexes, et sur le cœur, que ce spécialiste de la transplantation hépatique s’est inspiré. « J’ai fait ma thèse sur la chirurgie ex-vivo du rein», raconte-t-il. Les interventions en ex-vivo de ces deux organes ne se pratiquent plus beaucoup. Il reste maintenant quelques indications pour le foie. En France, c’est le seul CHU où cette technique se pratique. Quelques critères sont : une tumeur stable, sans ganglions, non extirpable par la voie classique, de grand volume. On a aussi l’expérience du greffon hépatique qui peut être conservé jusqu’à douze heures, mais il n’est pas souhaitable de conserver un patient sous CEC pendant aussi longtemps.
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points