Un antigène dans des nanoparticules

Une immunothérapie contre le carcinome hépatocellulaire

Publié le 13/09/2010
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Crédit photo : BPitard/Inserm-CNRS

LE TRAVAIL collaboratif de deux équipes de recherche nantaises vient d’une d’ouvrir la voie à une nouvelle technique d’immunothérapie contre le carcinome hépatocellulaire. Cette technologie se fonde sur l’injection d’un antigène spécifique, visant l’alpha-fœtoprotéine, transporté par des nanosphères.

C’est l’équipe de Bruno Pitard, directeur de recherche CNRS au sein de l’unité INSERM U915 « Institut du thorax », qui a récemment mis au point une nouvelle classe de vecteurs synthétiques. Ils améliorent fortement la réponse immunitaire spécifique après injection intramusculaire d’une faible dose d’un ADN codant pour une antigène cible transporté par des nanosphères synthétiques.

L’autre équipe, celle de Sophie Conchon (INSERM U948, « Biothérapies hépatiques »), développe des stratégies d’immunothérapie ciblant un antigène tumoral : l’alpha-fœtoprotéine. Ces chercheurs ont mis en place la phase I d’un essai clinique de thérapie cellulaire chez des patients porteurs d’un carcinome hépatocellulaire. Il s’agissait de réaliser des injections de cellules dendritiques stimulées avec des peptides de l’alfa-fœtoprotéine.

Les deux groupes de recherche ont donc uni leurs compétences, l’une fournissant le vecteur, l’autre l’agent thérapeutique. Le travail a été mené chez la souris. Chez des souriceaux, un carcinome hépato-cellulaire multinodulaire a été créé par injection de diéthylnitrosamine (DEN). La tumeur exprimait l’AFP. Les animaux ont bénéficié d’une immunisation antigénique spécifique via un vecteur synthétique consistant en de faibles doses de plasmide encodant l’AFP. L’antigène était encapsulé dans les nanosphères de copolymère. Le traitement était appliqué à 4 et 5 mois, c’est-à-dire avant l’apparition des nodules hépatiques. Puis les souris étaient sacrifiées à l’âge de 8 mois.

Par rapport à des animaux témoins, l’immunothérapie spécifique de l’AFP a conduit à une réduction de 65 % de la taille des tumeurs. Ce qui conduit les chercheurs à conclure que leur modèle « valide la vaccination par de nanoparticules consistant en de faibles doses d’antigène codant de l’ADN associé à un bloc de copolymère, dans le cadre d’une immunothérapie antitumorale. » La première démonstration d’un effet thérapeutique majeur pour une immunothérapie dans cette affection.

Le carcinome hépatocellulaire arrive en 5e position des cancers les plus fréquents en France. Il est le plus souvent la conséquence d’une cirrhose d’origine hépatitique C ou alcoolique.

The Journal of Hepatology septembre 2010.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8813