Des résultats encourageants chez la souris

Une molécule prometteuse contre les métastases cérébrales

Publié le 01/10/2009
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UNE ÉQUIPE du National Cancer Institute (NCI) américain (une branche du NIH, National Institutes of Health) montre que le vorinostat est capable de traverser la barrière hémato-méningée et de réduire de 62 % la formation de métastases cérébrales chez la souris. Chez l’homme, le vorinostat a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) américaine pour le traitement des lymphomes cutanés à cellules T.

Chez les femmes atteintes, alors que de nombreux traitements améliorent la survie dans le cancer du sein, on constate une augmentation de l’incidence des cancers qui métastasent au cerveau. Or les métastases posent des problèmes thérapeutiques du fait de la barrière hémato-méningée. De sorte que la survie à un an après découverte des métastases cérébrales est de 20 %.

Le vorinostat s’est déjà montré capable de ralentir la croissance de nombreuses tumeurs primitives chez la souris. Des études ont également montré que cette molécule parvient à atteindre le cerveau. Cela dit, on en savait peu sur son potentiel contre les métastases cérébrales. D’où l’intérêt de la nouvelle étude conduite par l’équipe américaine (Palmieri, Lockman et coll.) Les chercheurs ont cultivé en laboratoire des cellules de cancer du sein humain puis le sont inoculées à des souris immunocompromises. Par la suite, le cancer ainsi déclenché a disséminé dans le cerveau. Résultat : les chercheurs ont observé que le vorinostat était absorbé facilement dans le tissu cérébral sain et que sa concentration était trois fois plus importante dans certaines métastases que dans le tissu cérébral sain environnant. De plus, le vorinostat réduit de 28 % le développement de micrométastases.

L’aptitude du vorinostat à réduire les lésions métastatiques cérébrales est lié à un double mécanisme d’action : il provoque des cassures dans les deux brins de l’ADN et inhibe l’action de la Rad52, enzyme de réparation de l’ADN.

Il faut rappeler qu’en juin de cette année, plusieurs des auteurs de cette équipe ont publié dans « Molecular Cancer Therapeutics » un travail qui a montré que le vorinostat peut accroître les effets de l’irradiation cérébrale chez des souris atteintes de métastases cérébrales (tumeurs mammaires humaines implantées dans le cerveau. Les souris ayant reçu l’association radiothérapie plus vorinostat vivaient plus longtemps que les autres, ce qui démontrait que le vorinostat accroît la sensibilité des cellules tumorales à la radiothérapie. « Ces données-là associées aux nouveaux résultats, indiquent les chercheurs, permettent de jeter les bases d’essais cliniques chez la femme. »

Clinical Cancer Research, édition en ligne du 29 septembre 2009, vol 15, n°19.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : lequotidiendumedecin.fr