In vitro et chez l’animal

Une statine bloquerait le cancer de la prostate

Publié le 24/09/2010
Article réservé aux abonnés

PLUSIEURS stratégies anti-angiogéniques ont été utilisées au cours du cancer de la prostate, dont le blocage du facteur de croissance vasculaire (VEGF) ou de ses récepteurs. Et d’ailleurs des essais ont déjà été mis en place dans ce sens, rapportent Chunyang Wang (Toronto, Canada) et coll. C’est ce qui a motivé cette équipe de recherche sino-canadienne pour tenter d’identifier de nouveaux inhibiteurs de l’angiogenèse sur des tumeurs dépendantes de ce processus physiologique, dont celles de la prostate. L’enquête est partie de travaux fondamentaux sur le poisson-zèbre. L’équipe a confirmé le rôle, déjà fortement suspecté, de la rosuvastatine comme anti-angiogénique chez ce poisson, in vitro et chez la souris transgénique.

Le primum movens de la recherche a été mis en place chez le poisson-zèbre. Les chercheurs ont réalisé un criblage génétique des molécules susceptibles d’inhiber l’angiogénèse au cours de la vie embryonnaire. En effet, entre les 16e et 19e heures après la fertilisation apparaissent des artères maîtresses, les vaisseaux intersegmentaires. Sept molécules ont été testées, parmi elles des statines, qui toutes ont inhibé ce développement embryonnaire, angiogenèse-dépendant.

Au nombre des statines se trouvait la rosuvastatine. Une étude ayant suggéré qu’elle dispose d’une action anti-VEGF, l’équipe a concentré sa recherche sur cette molécule. Elle l’a mise au contact, in vitro, de HUVEC (cellules endothéliales de veine ombilicale humaine). La statine a bloqué, de façon dose-dépendante, la prolifération et la survie cellulaires. Elle a agi en arrêtant la phase G1 de la croissance cellulaire et en induisant l’apoptose. Dans le même temps la formation de capillaires et la migration cellulaire étaient inhibées.

Décroissance de la densité en microvaisseaux.

La dernière étape d’évaluation de la rosuvastatine a été menée chez la souris transgénique porteuse de cellules cancéreuses prostatiques humaines. Le traitement a enrayé la croissance tumorale en provoquant la décroissance de la densité en microvaisseaux et l’apoptose des cellules tumorales.

Autant d’éléments expérimentaux, constatent les chercheurs, qui confirment une activité anti-angiogénique de la rosuvastatine, essentiellement par inhibition de la fonction cellulaire endothéliale.

Ce travail sino-canadien va dans le sens d’études antérieures. Des travaux expérimentaux et épidémiologiques ont suggéré un rôle préventif et thérapeutique des statines au cours du cancer de la prostate. Quatre grandes études prospectives ont mis en évidence une baisse de l’incidence des cancers de la prostate avancés chez les hommes sous statines. Ce qui suggère un rôle préventif à un stade précis de l’affection. Jusqu’à présent, la rosuvastatine a démontré une efficacité au cours de la progression du cancer expérimental du pancréas.

European Urology, 58 (2010) 418-426.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8822