Métaux et pollution sonore : les nouveaux risques cardiovasculaires

Par
Publié le 21/10/2024
Article réservé aux abonnés

De plus en plus de recherches pointent l’exposition à divers types de pollution environnementale comme un facteur de risque de maladies cardiovasculaires. Et la liste n’a pas fini de s’allonger : en ce début d’automne, deux publications se penchent sur les effets cardiovasculaires de deux autres sources d’atteinte à l’environnement relativement peu connues.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Une étude publiée dans le « Journal of american college of cardiology » suggère une action proathérogène — ou en tout cas procalcifiante sur les artères coronaires — de l’exposition à certains métaux retrouvés dans l’alimentation, l’eau potable, le tabac, et certains dispositifs implantables ou matériaux de comblement dentaire (1).

Ce travail a été conduit auprès de 6 418 hommes et femmes de 45 à 84 ans sans antécédents cardiovasculaires de la cohorte prospective Mesa. Les niveaux urinaires de cadmium, tungstène, uranium, cobalt, et d’autres, ont été mesurés lors de l’inclusion, au début des années 2000. Le score calcique (CAC) des participants a été évalué à plusieurs reprises pendant une période de suivi de plus de 10 ans.

Cadmium, tungstène, uranium, cobalt

Les résultats mettent en évidence un lien entre taux de métaux urinaires et calcification coronaire. Le score calcique était significativement plus élevé — de plus de 50 % à l’inclusion et de 75 % à 10 ans — parmi les participants du quartile ayant le taux de cadmium urinaire le plus haut, par rapport à ceux du quartile présentant le taux le plus bas de cadmium urinaire. De même, ce score calcique était entre 30 et 47 % plus élevé chez les participants du quartile présentant les taux urinaires de tungstène, uranium et cobalt les plus élevés — par rapport au premier quartile. Soit des chiffres comparables à ceux observés en cas de tabagisme et de diabète, selon les auteurs.

Exposition au bruit

Autre type de pollution, l’exposition au bruit des transports, déjà mis en cause dans certains troubles cardiométaboliques, pourrait aussi être associée à un risque de fibrillation atriale, selon une étude scandinave du « Lancet regional health Europe » (2).

Plus de 161 000 participants inclus dans 11 cohortes nordiques ont été suivis pendant une durée médiane de 19,6 ans. Toutes les adresses occupées par ces individus pendant la durée de l’étude — et les 5 années précédant leur inclusion — ont été recueillies. Le niveau d’exposition de leurs lieux de résidence à des bruits de transports automobile, ferroviaire ou aérien a pu être estimé. Les cas de fibrillation atriale ont été recherchés dans les registres nationaux.

Résultats, l’exposition au bruit du trafic routier pourrait être légèrement associée à une élévation du risque de fibrillation atriale, en particulier au-delà de 53 dB et chez les femmes et les personnes vivant avec un surpoids ou une obésité. Mais c’est surtout l’exposition cumulée à des bruits de transports divers (trafic routier, trafic ferroviaire, trafic aérien) qui semble liée à un surrisque de fibrillation atriale, de près de 20 %.

(1) McGraw KE et al. Urinary metal levels and coronary artery calcification: longitudinal evidence in the multi-ethnic study of atherosclerosis. JACC. 2024 Oct, 84 (16)1545-57
(2) Thachera JD et al. Residential exposure to transportation noise and risk of incident atrial fibrillation: a pooled study of 11 prospective Nordic cohorts. The Lancet Regional Health Europe. Volume 46, 101091, November 2024


Source : lequotidiendumedecin.fr