Vous êtes en 2024…
Madame N., née à Douala au Cameroun, a 37 ans, et vit depuis quelques mois en Île-de-France. À l’automne 2023, lors d’une consultation de médecine générale, sa pression artérielle se révèle élevée. Une hypertension artérielle (HTA) est confirmée par une automesure sur trois jours.
Madame N. a un surpoids (IMC de 27). Elle a été hypertendue sans toxémie au cours de ses trois grossesses et sa tension s’était normalisée après les accouchements. Ses parents sont hypertendus.
Elle suit un cours de fitness en ligne une fois par semaine et mange peu salé. Son médecin généraliste lui propose de débuter un traitement quotidien per os par inhibiteurs calciques. Elle réalise des efforts de réduction de sa consommation de sel et tente d’augmenter son activité physique à trois séances par semaine.
Elle réalise une automesure de sa tension avant chaque visite de suivi chez son médecin généraliste.
Bienvenue en 2050…
Madame N., toujours née au Cameroun, toujours 37 ans, vit là encore depuis quelques mois en Île-de-France.
À l’automne 2050, elle participe à une journée personnalisée annuelle de prévention – programme de dépistage national indiqué pour tous les individus de plus de 30 ans auquel la population adhère fortement (notamment par un encouragement sous forme d’une « allocation de prévention »). À cette occasion, une pression artérielle élevée est mesurée par autotest dans une pharmacie.
L’hypertension artérielle est confirmée par une mesure sur une semaine au moyen d’une montre connectée utilisant une méthode cuffless (sans brassard) mise à sa disposition par l’infirmière de pratique avancée (IPA) de son quartier. Ces tensiomètres, déjà disponibles en 2024 mais non recommandés par les experts, sont en 2050 d’un usage courant, permettant la mesure de la tension la nuit sans réveiller le patient du fait de l’absence de recours à un brassard.
Son risque cardiovasculaire personnalisé est ensuite calculé à partir de la base de données des « jumeaux statistiques de santé », et indique un risque élevé d’accident vasculaire cérébral (AVC), en relation avec la persistance de chiffres élevés de la pression systolique pendant son sommeil sur plusieurs jours consécutifs.
Pour la prise en charge thérapeutique initiale, une séance d’éducation thérapeutique a été proposée par l’IPA, et Madame N. est orientée vers un programme de réalité augmentée baptisé « Méthodes naturelles du traitement de l’hypertension ». Il s’agit d’une intervention immersive, sous la surveillance de l’IPA, permettant au participant d’interagir avec des experts virtuels et de s’informer sur les changements de mode de vie. Cette initiative lui permet d’adopter rapidement des habitudes alimentaires plus favorables à la prévention cardiovasculaire.
En parallèle, l’avis d’expert obtenu par intelligence artificielle (IA) générative utilisé par le programme Suivi tension de la Fondation hypertension propose une dénervation rénale (DNR). Elle bénéficie alors de ce traitement interventionnel par cathétérisme de l’artère radiale en ambulatoire. En fait, en 2050, cette technique – encore réservée en 2023 à la dernière ligne de traitement notamment du fait d’une efficacité difficilement prédictible –, s’est finalement imposée en premier recours pour 30 à 40 % des patients, en lien avec des progrès en termes de sélection des sujets susceptibles de bénéficier de la procédure.
À noter que Madame N. a préféré ce traitement à celui d’une injection semestrielle du dernier traitement par ARN interférent.
Il faudra attendre l’évaluation à trois mois – où une nouvelle mesure de tension par la montre connectée sera réalisée – pour savoir si une deuxième DNR doit être proposée, avec une méthode d’électroporation. Si le traitement par DNR ne suffit pas, la prescription de médicaments per os sera indiquée. Et en 2050, ces médicaments par voie orale ont maintenant une longue durée d’action : la prise quotidienne de médicament n’est plus nécessaire pour obtenir une protection de l’AVC et des maladies cardiovasculaires.
Le suivi du traitement de l’hypertension est réalisé par téléconsultation, avec une visite présentielle au moins une fois par an – assurée par l’IPA travaillant en coordination avec le médecin.
D’après un entretien avec le Pr Xavier Girerd, hypertensiologue à l’Institut de cardiologie de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP)
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