Comment mieux identifier les patients atteints de syndrome coronarien chronique (SCC) tout en limitant les actes inutiles ou invasifs ? La Haute Autorité de santé (HAS), en partenariat avec l'Assurance-maladie, publie ce 8 septembre un guide du parcours de soins pour ce qui est la quatrième maladie chronique grave la plus fréquente. En 2017, 1,5 million de personnes atteintes d’un SCC ont été prises en charge, dont 43 % étaient âgées de plus de 75 ans - la prévalence augmentant avec l'âge.
Pour rappel, le SCC (autrefois appelé maladie coronaire stable) est la manifestation clinique au long cours d’une cardiopathie ischémique, conséquence d’un processus dynamique d’athérosclérose et d’altération de la fonction artérielle, susceptible d'être ponctuée d'évènements aigus. La présence de comorbidité est fréquente chez ces patients : 38 % ont une autre maladie cardioneurovasculaire, 29 % un diabète, et 23 % des patients ont un traitement psychotrope.
Prise en charge personnalisée et pluridisciplinaire
La HAS insiste sur l'importance d'une prise en charge personnalisée et pluridisciplinaire. Elle identifie « sept points clefs pour améliorer les pratiques », destinés à être discutés entre patient et médecin.
En matière de diagnostic, la prescription des examens complémentaires doit tenir compte de la clinique et du risque cardiovasculaire aigu. La HAS déconseille une coronarographie en première intention, hors contexte aigu ; celle-ci n'est nécessaire que si les examens non invasifs sont non concluants. Un test fonctionnel (imagerie de stress ou épreuve d’effort) ou un coroscanner sont les examens diagnostiques recommandés en première intention. Une fois le diagnostic de SCC posé, le cardiologue doit évaluer systématiquement le risque d'évènement cardiovasculaire grave (toujours en rationalisant le recours à la coronarographie, insiste la HAS).
En matière de traitement, la Haute Autorité préconise l'adaptation du mode de vie et la correction des facteurs de risque cardiovasculaires. Concrètement, cela suppose un sevrage tabagique, un ajustement de l’alimentation, la pratique d’une activité physique adaptée, l’atteinte d’un poids de forme et une prise en charge psychosociale.
Revascularisation coronarienne pas systématique
En outre, il faut prescrire un traitement par statine et antithrombotique aux doses optimales. « La gestion du traitement antithrombotique vise un équilibre favorable entre la prévention d’événements ischémiques et le risque accru de saignement », lit-on.
Hors contexte d’urgence, une revascularisation coronarienne ne doit être envisagée que s’il existe des symptômes invalidants (angor, dyspnée, diminution des capacités à l’effort) ou une preuve d’ischémie, malgré le traitement médical anti-angineux.
Quant au suivi, l'accent est mis sur l'importance de l'éducation thérapeutique, et la promotion d'un programme de réadaptation cardiovasculaire. Pour les patients en activité de travail, la pénibilité du poste doit être évaluée et, si besoin, adaptée.
Globalement, l'ensemble de la prise en charge doit associer le patient, le généraliste et le cardiologue (en ville, en service cardiologique ou en SSR spécialisé en réadaptation cardiovasculaire).
À partir de ce guide, la HAS a tiré 16 indicateurs de qualité pour évaluer et améliorer la prise en charge des patients ; 9 sont mesurables à partir des données nationales de l'Assurance-maladie.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?