Progression des syndromes coronaires aigus chez la femme jeune

Une levée de fonds lancée par la Fondation Coeur et Recherche

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Publié le 10/10/2018
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Crédit photo : Phanie

Alors que l'incidence de la maladie coronaire est plus élevée chez les hommes, la mortalité cardiovasculaire est cependant plus élevée chez les femmes. En effet, les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès chez les femmes (1), avant même le cancer du sein, dont la mortalité a diminué. Une augmentation de 25 % de l'incidence des cas d'infarctus du myocarde a été observée dans la population féminine au cours des dix dernières années en France.

Pourquoi une telle progression chez les femmes ?

Des différences de facteurs de risque peuvent rendre compte, en partie tout au moins, de ce phénomène. Sont en effet en hausse chez les femmes le tabagisme, le surpoids et l'obésité, la sédentarité, l'hypertension artérielle, le stress…

Les différences de prise en charge peuvent également être en cause. En Ile-de-France, par exemple, les données du registre e-MUST ont montré que chez les femmes, le délai entre le début de la douleur thoracique et l'appel au SAMU est plus long, et la mortalité intra-hospitalière plus élevée (2).

Des différences de physiopathologie des lésions sont également à envisager. La dysfonction microvasculaire est ainsi plus fréquente chez les femmes. Elle entraîne une ischémie sous-endocardique, même en l'absence de lésions coronaires significatives. Par ailleurs, la dissection spontanée de l'artère coronaire, classiquement considérée comme une pathologie rare, concernerait environ une femme jeune sur trois en cas de syndrome coronaire aigu immérité (3,4)… Cette pathologie est caractérisée par un hématome intramural dans l'artère coronaire qui rétrécit la vraie lumière en l'absence de toute cause iatrogène, comme une angiographie coronaire récente par exemple. Elle peut entraîner une occlusion de l'artère coronaire, engageant le pronostic vital. Elle atteint principalement les femmes jeunes sans facteurs de risque cardiovasculaires. À l’heure actuelle, la cause de cette dissection coronaire spontanée reste inconnue.

Une levée de fonds

Pour enrayer la progression des syndromes coronaires aigus chez les femmes jeunes, la Fondation Cœur & Recherche (www.coeur-recherche.fr) lance une levée de fonds auprès des entreprises mécènes et des donateurs pour financer un projet de recherche d'envergure réunissant des équipes sur l'ensemble du territoire français. Un appel d’offre national sera lancé auprès de la communauté scientifique. Après sélection par les experts issus du conseil scientifique de la Fondation Cœur & Recherche, le choix définitif sera validé par le conseil d'administration de la Fondation.

(1) Townsend N et al. Cardiovascular disease in Europe: epidemiological update 2016. Eur Heart J 2016;37(42):3232-45
(2) Benamer H et al. Longer pre-hospital delays and higher mortality in women with STEMI: the e-MUST Registry. EuroIntervention 2016;12(5):e542-9
(3) Malcles G, Souteyrand G, Motreff P. [Recent insights on spontaneous coronary arterydissection (SCAD): From diagnosis suspicion to long-term outcomes]. Ann Cardiol Angeiol (Paris) 2016;65(6):451-6
(4) Alfonso F, Garcia-Guimaraes M, Bastante T, et al. Spontaneous coronary artery dissection: from expert consensus statements to evidence-based medicine. J Thorac Dis 2018;10(7):4602-8

Dr Gérard Bozet

Source : lequotidiendumedecin.fr