Journées de la thyroïde

Controverse sur l’utilisation du robot chirurgical

Publié le 15/10/2015
Article réservé aux abonnés

Répandu en Corée, l’utilisation d’un robot dans le cadre d’une opération de la thyroïde est peu usitée en France. Les chirurgiens montpelliérains ont posé la question lors d’un moment de débat où chacun devait défendre un point de vue après tirage au sort.

Le Pr Renaud Garrel, chef du service ORL du CHU de Montpellier, devait se prononcer contre un exercice chirurgical qu’il pratique pourtant ; Le Dr Olivier Gallet de Santerre (chirurgien à la clinique mutualiste Beausoleil de Montpellier) devant quant à lui défendre la chirurgie robot sur la thyroïde. « En Asie, principalement en Corée, 61 % des opérations de la thyroïde sont faites avec l’aide d’un robot. La raison en est d’abord culturelle », a convenu le Dr Gallet de Santerre. « La chirurgie robot ne laisse pas de cicatrices au niveau du cou. Or ces cicatrices sont là-bas mal perçues socialement », a-t-il poursuivi. Outre l’esthétisme, le médecin a mis en avant les qualités techniques du robot permettant un meilleur confort pour le chirurgien et une précision accrue du geste.

Un temps d’intervention plus long

« Ce type d’opération est peu répandu en France. On dénombre seulement 300 opérations de 2006 à 2013. Aux États-Unis, seules une petite centaine d’opérations du genre est pratiquée annuellement », a expliqué le Pr Garrel. Ainsi, seuls deux établissements hexagonaux pratiquent aujourd’hui des opérations de la thyroïde à l’aide d’un robot : le CHU de Montpellier et l’Hôpital américain de Paris à Neuilly. Un troisième établissement, le CHU de Nîmes, opérait également de la sorte mais ne le fait plus pour une question de coût. Un prix d’ailleurs soulevé par le Pr Garrel lors de son intervention. « Le temps de l’opération est plus long, et 1 200 euros de consommables supplémentaires sont utilisés par rapport à une opération via la voie classique », a-t-il pointé. Non réalisable en ambulatoire, cette façon d’opérer apporte donc un bénéfice esthétique mais peut en parallèle « générer une paralysie récurentielle réversible », a dénoncé le chirurgien. Une fois le débat achevé, le public de praticiens présents a été amené à se prononcer à main levée. Le « contre » l’a emporté largement. Et le Pr Garrel de préciser hors débat que « 5 % de gens ne veulent absolument pas de cicatrice. Il faut le respecter même si cette demande est faible », a-t-il pondéré avant de lancer une question restée en suspens : « À l’heure où l’on demande aux hôpitaux de faire des économies, qui doit payer ? »

De correspondant Guillaume Mollaret

Source : Le Quotidien du Médecin: 9441