DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
RÉUNIS à Kiel, dans le nord de l’Allemagne, les 250 délégués de l’Ordre des médecins souhaitent lutter contre la pénurie d’organes en incitant la population à donner ses organes, mais ne veulent pas pour autant instituer un système de consentement présumé comme en France. Alors que plus de 12 000 malades sont en attente de greffe, les médecins demandent que des incitations au don soient effectuées régulièrement auprès de tous les Allemands, par exemple lorsqu’ils effectuent une démarche de renouvellement de carte d’identité ou passent leur permis de conduire. Ils réclament aussi plus de campagnes de communication sur ce thème. Le consentement explicite du donneur potentiel reste en effet obligatoire en Allemagne, ou, à défaut, celui de ses proches. Si certains responsables politiques souhaitent inverser la réglementation, en instituant un consentement présumé et une possibilité de prélèvement sauf en cas de refus explicite exprimé avant sa mort par le donneur ou ensuite par ses proches, le débat reste encore controversé dans le pays et le gouvernement fédéral n’est pas favorable à cette évolution.
L’Ordre a par ailleurs rappelé son opposition absolue à tout suicide médicalement assisté et à toute aide au suicide, mais souhaite encourager les soins palliatifs, et la formation des médecins à ceux-ci. Le débat tenu sur ce thème a toutefois révélé que les médecins, en dehors du directoire de l’Ordre, sont plus nombreux qu’autrefois à soutenir les aides au suicide, ou au moins à en souhaiter la dépénalisation.
Ouverture sur le DPI.
De même, alors que les médecins avaient à plusieurs reprises refusé d’autoriser toute forme de diagnostic préimplantatoire (DPI), ils se sont prononcés cette année pour un recours limité à ce dernier, mais uniquement pour les couples présentant un risque élevé de maladie génétique, et avec des contrôles très stricts. Le DPI ne devra en aucun cas être proposé pour choisir le sexe de l’enfant, ni en raison du seul âge des parents. Ces différentes résolutions seront transmises aux parlementaires, qui sont amenés, comme en France, à voter les grandes lois de bioéthique.
Le congrès a adopté de nombreuses mesures d’ordre déontologique, qui modifient ou complètent les codes professionnels existants. Les médecins devront notamment mieux informer leurs patients sur les traitements, leurs avantages et leurs risques. Ils n’auront plus le droit, comme le font beaucoup d’entre eux actuellement, de faire de la « publicité » dans leur cabinet pour certaines de leurs prestations non remboursées par l’assurance-maladie, comme par exemple la chirurgie esthétique ou certains examens non pris en charge.
*Lire également « le Quotidien » du 7 juin.
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