Traitement de l’hypertension artérielle résistante

La barostimulation carotidienne évaluée

Publié le 28/05/2015
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Le 18 mai dernier, et alors que 800 patients dans le monde bénéficient déjà de ce genre d’appareil, un premier stimulateur des barorécepteurs carotidiens a été implanté dans le cadre de l’étude médicoéconomique ESTIM-rHTN qui doit suivre 128 patients pendant un an.

Ce n’est pas la première opération de ce genre en France (elle a eu lieu le 12 juillet 2013 dans le service du Pr Pierre Lantelme de l’Hôpital Croix Rousse de Lyon) mais très peu de malades ont à ce jour bénéficié de cette procédure. Implantés dans le cou du côté droit, les études ont montré qu’une implantation bilatérale n’apporte pas plus de bénéfices, les barostimulateurs carotidiens sont des dispositifs de la taille d’un petit pacemaker censés réduire la pression sanguine. En 2010, l’étude DEBuT-HT, menée sur 45 patients ayant une pression artérielle systolique supérieure à 160 mmHg malgré un traitement par au moins 3 antihypertenseurs, montrait une baisse de 53 mmHg de la pression chez 67 % des patients, ainsi qu’une diminution du rythme cardiaque sans événement indésirable, au cours d’un suivi qui a duré jusqu’à 4 ans.

Une nouvelle génération de stimulateurs

« À l’époque, il s’agissait de la version 1.0 de cette technologie, se souvient le Pr Michel Azizi, du service d’hypertension artérielle de l’hôpital européen Georges Pompidou, et coordinateur de l’étude ESTIM-rHTN. On implantait alors de façon bilatérale des dispositifs prenant plus de place sur les bulbes carotidiens que les dispositifs récents. Néanmoins, nous avons suffisamment de recul avec ces vieux modèles pour voir que la barostimulation abaisse durablement la tension se maintenait au bout de plusieurs années. »

Le dispositif utilisé dans le cadre d’ESTIM-rHTN est le Barostim Neo TM, fabriqué par CVRx. Contrairement aux modèles plus anciens, il n’a pas encore été évalué lors d’une étude randomisée en ce qui concerne le traitement de l’hypertension résistante. Son efficacité et sa sécurité ont toutefois été démontrées dans son autre indication, l’insuffisance cardiaque, selon une étude publiée dans le numéro de mai 2015 du « JACC Heart Failure ».

Vers un possible remboursement

« Une fois l’opération réalisée, on laisse cicatriser pendant un mois, puis nous procédons à une mise en place progressive des stimulations en trois à quatre étapes », explique le Pr Michel Azizi. Le but de l’étude financée par le CHRU de Nancy et le ministère de la santé est de vérifier si la barostimulation carotidienne, en plus du traitement médicamenteux, dispose d’un rapport coût/efficacité supérieur à celui d’une association médicamenteuse seule. Les résultats de cette étude, prévus pour 2018, pèseront lourd dans une éventuelle décision quant au remboursement de cette procédure.

« Notre hypothèse de départ, est que ce dispositif médical va permettre de sortir les patients pharmacorésistants de l’impasse thérapeutique », espère le Pr Patrick Rossignol, néphrologue et médecin délégué du CIC-P du CHRU de Nancy. Les patients sélectionnés doivent correspondre à la définition classique de l’HTA résistante : une hypertension de plus de deux ans qui résiste à quatre traitements dont deux diurétiques : thiazide et spironolactone.

Les investigateurs sont à la recherche de patients pour compléter leur étude. Les médecins qui ont des malades éligibles parmi leurs patients peuvent s’adresser aux investigateurs et aux 13 centres impliqués dans l’étude, dont la liste figure sur la fiche clinical trial (NCT02364310).

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Médecin: 9415