Prothèses articulaires : le non usage préopératoire des opiacés, un gage de succès

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Publié le 02/03/2016
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Crédit photo : Phanie

Est-ce en raison de la récente croisade présidentielle contre l’héroïnomanie, dommage collatéral inévitable, aux États Unis, de l’escalade des prescriptions antalgiques, ou est-ce une pure coïncidence ? Deux communications très remarquées au Congrès de l’AAOS (American Academy Of Orthopaedic surgeons)* se sont penchées sur l’éventuelle corrélation entre l’usage préopératoire d’opiacés et le résultat post opératoire d’une implantation prothétique articulaire.

Un tiers des malades concernés

Il faut souligner que cet usage des opiacés concerne plus du tiers des malades souffrant de pathologie ostéoarticulaire. La première recherche a porté sur près de 85 000 patients opérés dans un groupe de cliniques entre 2007 et 2014. Les prescriptions et les comorbidités du trimestre précédant l’intervention furent étudiées afin de distinguer un utilisateur d’opiacés (même celui ayant fait l’objet d’une unique prescription) d’un non utilisateur.

Les non utilisateurs représentaient dans l’étude 59 % et les utilisateurs quant à eux 41 %. À un suivi de trois mois le groupe des utilisateurs d’une part poursuivaient plus fréquemment cet usage, et d’autre part, avaient fait l’objet de plus nombreuses ré interventions. C’est également dans ce groupe qu’étaient observées plus de comorbidités et plus de complications post opératoires.

Dans une seconde étude ayant porté sur un groupe beaucoup plus réduit de patients, deux groupes comparatifs ont été constitués : le premier étant parvenu à réduire de plus de moitié son usage d’opiacés dans le semestre précédant l’implantation d’une prothèse de hanche ou de genou et l’autre ayant poursuivi inchangée cet usage d’antalgiques majeurs.

Dans le groupe sevré ou partiellement sevré, le résultat prothétique à un suivi de six mois, s’avéra significativement supérieur à celui du groupe comparatif et se rapprocha même de celui des groupes de patients n’ayant jamais fait l’objet de prescriptions antérieures d’opiacés.

Sevrage préalable des patients

Les auteurs concluent en recommandant une démarche systématique de sevrage préalable, par le médecin traitant ou le centre antidouleur, de tous les Patients candidats à une prothèse articulaire.


D’après les deux communications suivantes au Congrès 2016 de l’AAOS du 1 au 5 mars à Orlando :  Dr N. Bedard et Coll. Groupe Hospitalier et universitaire des Cliniques et Hôpitaux de l’Iowa ; Dr K. Bozic et Coll. Faculté de Médecine Dell et Université du Texas à Austin

De notre envoyé spécial à Orlando, professeur Charles Msika, chirurgien orthopédiste, membre de la SoFCOT (Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique)

Source : lequotidiendumedecin.fr