AUTORISER un sportif à retourner sur le terrain n’est pas toujours chose facile. Des éléments conscients ou inconscients peuvent perturber la prise de décision. C’est pour aider le praticien dans cette démarche parfois compliquée, qu’un panel de médecins du sport, américains et canadiens, sous la signature de David W. Creighton et coll., a mis au point une marche à suivre en trois points. Elle est fondée sur une revue de la littérature.
La première étape est l’évaluation de l’état de santé du blessé. Combien de blessures a-t-il eu et à quel point la guérison est-elle acquise ? Cette appréciation ne tient pas compte que d’éléments médicaux (symptômes, facteurs fonctionnels, imagerie), mais aussi l’état psychologique du sportif. Notamment se sent-il prêt à reprendre, a-t-il confiance en lui ? Enfin, la sévérité de l’accident influe sur le jugement de l’état de santé (une commotion cérébrale n’a rien à voir avec une entorse de cheville).
Multiplié par quatre.
La deuxième est l’évaluation du risque à la reprise. C’est-à-dire le risque de voir l’athlète à nouveau blessé s’il reprend trop vite. Il faut savoir qu’une blessure antérieure multiplie par quatre la possibilité d’un nouvel accident. Bien sûr le type de sport pratiqué joue un rôle fondamental à ce niveau de l’évaluation. Un sport de contact est bien plus à risque que la course à pied. En cas de sport collectif, le poste tenu, le niveau de la compétition, les possibilités de protection doivent entrer en ligne de compte.
La troisième et dernière étape s’avère plus complexe, puisque c’est la modification de la décision. Elle porte sur les divers facteurs qui influent sur la signature de l’autorisation. Les auteurs donnent quelques exemples : la décision peut être modifiée par la période dans la saison (début ou fin), désir du blessé confronté à la pression de l’entraîneur, de la famille ou des sponsors. Des conflits d’intérêt peuvent survenir quand ceux du sportif diffèrent de ceux de l’équipe.
Les auteurs concluent qu’il existe peu de preuves scientifiques susceptibles d’aider le praticien dans la démarche. Ils demeurent conscients que si leurs trois étapes peuvent structurer et offrir plus de transparence à la décision finale compliquée, elles demeurent sujettes à une clarification par de nouvelles études.
Clinical Journal of Sport Medicine, septembre 2010.
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