Je voulais commenter l'article du Dr Frances (« Mais où sont donc passés les tests de dépistage du cancer colorectal ? », Le Quotidien du 21 mars 2019),car le sujet me tient à cœur. Les premiers dépistages du cancer colorectal avaient été confiés à ces « organismes associatifs » et des centres de dépistages (labos) triés sur des critères vaseux.
Ces premiers dépistages avec une gabegie de publicités télévisées et médiatiques et d'incitations à la charge de l'État (nos impôts) utilisaient un test « Hémoccult » interdit de pratique dans les laboratoires compétents et accrédités d'analyses médicales (bonne opération pour le fabricant du test qui s'était vu ainsi dérouler un tapis rouge pour terminer son stock d'invendus (chercher plus en avant, qui en a profité…).
Mais, à force de constater que ce test, comme l'Académie des Sciences ou de la Biologie l'avait dit, n'était ni spécifique ni sensible, mais engendrait plus de conséquences désastreuses – surconsommations de coloscopies (+ biopsies) et paniques des patients sur des résultats erronés on le retira au profit du test immunologique, en pratique depuis des années dans tous les laboratoires d'analyses médicales !
Il faut néanmoins revenir sur le protocole de réalisation de ce test auto prélevé dans des conditions relevant de l'inconscience : voilà un patient dont la majorité est d'un âge avancé, amené à faire un étalement sur des lames à partir de trois selles, recueillies lui-même n'importe comment, après un repas dont on n'a aucune indication ou avec des saignements hémorroïdaires présents et qui – le comble !- va envoyer par la poste ce « défécat » dans des conditions d'hygiène et de sécurité sanitaire tellement douteuses qu'on en frémit pour les préposés des PTT !
Je rappelle que si les biologistes faisaient « voyager » leurs prélèvements à transmettre aux laboratoires spécialisés dans les mêmes conditions, ils seraient aussitôt sanctionnés ! Et la gabegie de publicité continua, que ce soit avec la CPAM ou avec le relais des associations ! Alors que tout médecin, dans sa pratique quotidienne est compétent pour adresser ses patients, à partir d'un âge donné, au laboratoire d'analyses de son choix dans des conditions de recueil et de conformité de résultats exploitables et vrais, sans cette surenchère d'incitations publicitaires, qui a en réalité doublé le coût de cette analyse définie à la nomenclature des actes biologiques ! Comment faire plus cher et en dépit du bon sens, ce qui est accessible simplement et au meilleur coût ! Il doit y avoir une explication quelque part ! Non ?
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