La dermatite atopique (DA), aussi appelée eczéma atopique, la plus fréquente des dermatoses de l’enfant, concerne le nourrisson à partir de deux mois. L’évolution se fait sous forme d’alternance de poussées et de rémissions jusqu’à cinq à six ans, avec des résurgences possibles à l’adolescence. La majorité des DA disparaissent au cours de l’enfance, mais 10 à 15 % des cas persistent à l’âge adulte.
D’excellent pronostic dans la majorité des cas, cette réaction inflammatoire à l’environnement liée à l’immaturité épidermique est une urgence thérapeutique chez le nourrisson du fait de l’intensité du prurit. Elle apparaît chez le nouveau-né sous la forme de plaques érythémato-squameuses mal délimitées, plutôt localisées dans les zones de convexité du visage, au niveau du cou, du cuir chevelu, sur les surfaces d’extension des extrémités, tandis que les plis sont plus souvent concernés chez les enfants plus âgés. Il existe néanmoins de grandes variétés interindividuelles dans les formes cliniques et l’histoire naturelle de la maladie. Lorsque les plaques ne sont pas ou mal traitées, le grattage et le frottement créent des lésions cutanées qui apparaissent sèches, lichénifiées et peuvent se surinfecter.
Ce qu’il faut savoir
L’objectif du traitement est l’obtention rapide d’une rémission grâce au traitement d’attaque et le maintien de cette rémission au long cours. Le traitement repose sur les corticostéroïdes topiques forts (Diprosone, Flixovate, Locatop) deux fois par jour, pendant deux à trois jours, dès l’apparition des lésions et jusqu’à leur disparition. Dans les DA chroniques avec poussées fréquentes, les dermocorticoïdes topiques peuvent être appliqués préventivement deux à trois fois par semaine.
Souvent inquiets des potentiels effets secondaires des corticoïdes, les parents doivent être informés et convaincus de la nécessité de traiter efficacement et précocement de façon à calmer le prurit et à améliorer le pronostic. Le traitement de fond vise à lutter contre la sécheresse cutanée et à restaurer la fonction de barrière de la peau et passe par l’application quotidienne d’émollients.
Les antihistaminiques peuvent être utilisés temporairement pour leurs propriétés sédatives lorsque le prurit est insomniant, mais n’ont pas d’efficacité curative sur la DA.
Chez l’enfant et le nourrisson, aucun bilan allergologique n’est indiqué ni aucun régime d’éviction alimentaire, sauf s’il existe des facteurs déclenchants clairement identifiés par les parents.
Les traitements systémiques sont proposés chez les patients atteints de DA modérée à sévère chronique ayant un fort retentissement sur la qualité de vie. La ciclosporine est de moins en moins utilisée du fait de l’immunosuppression au long cours et du risque d’insuffisance rénale. Le dupilumab, un anticorps monoclonal anti-IL-4 et anti-IL-13, a obtenu une autorisation de mise sur le marché dans la DA sévère de l’enfant dès le sixième mois. L’arrêt des injections après quelques mois ne semble pas s’accompagner de rebond des lésions. L’amélioration du pronostic par un traitement précoce reste à valider mais semble possible.
Ce qu’il faut faire
- Le prurit est le signe majeur chez le nourrisson (pleurs, irritabilité, insomnie) ; avant deux mois, penser au diagnostic de gale devant des lésions prurigineuses. Lorsque l’eczéma est avéré, traiter localement par des corticoïdes topiques forts pendant 48 à 72 heures jusqu’à disparition des lésions, en stoppant les applications de dermocorticoïdes lorsque les lésions ont disparu et ce, sans décroissance.
- Expliquer aux parents la nécessité du traitement corticoïde topique et les convaincre de son innocuité.
- Corriger la sécheresse cutanée : la xérose doit être traitée par l’application de crèmes hydratantes en adaptant la fréquence du traitement au degré de sécheresse et en privilégiant les produits émollients identifiés par les parents comme les plus efficaces.
- Éviter les bains chauds, prolongés, répétés. Privilégier les vêtements en coton et une atmosphère fraîche.
- Informer les parents de façon à traiter rapidement les poussées, éviter les facteurs déclenchants ou aggravants, intervenir en cas d’exacerbation ou de surinfection.
Ce qu’il faut retenir
- Traiter précocement les poussées avec des corticoïdes topiques.
- Hydrater la peau au cours et entre les poussées.
- Placer les parents au centre de la prise en charge par le biais de l’éducation thérapeutique.
- Adresser au dermatologue pour un traitement systémique en cas de forme sévère et prolongée.
D’après un entretien avec le Dr Emmanuel Mahé, chef de service de dermatologie de l'hôpital d’Argenteuil
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