Immunothérapie : le prurit, effet secondaire notoire, soigné par la naloxone

Publié le 30/10/2018

Traitement prometteur contre certains cancers, salué par un prix Nobel, l’immunothérapie n’est pas dénuée d’effets secondaires parmi lesquels la survenue d'un prurit observé chez plus de 25 % des patients. Cette démangeaison intense se traite généralement par des glucocorticoïdes, mais certains patients sont réfractaires et nécessitent que le traitement par immunothérapie soit interrompu en raison de la sévérité du prurit.

D’où l’intérêt de l’étude de cas qui vient d’être publiée dans le « New England Journal of medicine » (1). Elle montre l’efficacité d’une perfusion de naloxone, un antagoniste des récepteurs mu-opioïdes, dans le traitement du prurit.

La patiente âgée de 88 ans souffrait d’un adénocarcinome du poumon avec métastases osseuses. Elle était traitée par un anticorps monoclonal anti-PD1, le pembrolizumab. Cette immunothérapie vise à restaurer la réponse immunitaire antitumorale, en bloquant un récepteur (PD-1) situé à la surface des lymphocytes T.

Six mois après le début du traitement, ce traitement a provoqué un prurit sur le tronc et les membres, dont la patiente évaluait l’intensité à 10 sur une échelle de 0 (pas de symptôme) à 10 (symptômes sévères). Après 3 mois, l’intensité de son prurit a augmenté malgré l’utilisation de différents glucocorticoïdes : crème à l’hydrocortisone, triamcinolone, méthylprednisolone et diphenhydramine en intraveineuse. Le traitement par immunothérapie a alors été interrompu pendant 2 mois, permettant une diminution du prurit… qui a repris dès la reprise du traitement.

Shawn Kwarta et son équipe de l’école de médecine de l’université Johns Hopkins, à Baltimore, a alors proposé à la patiente, en plus des glucocorticoïdes en intraveineuse, une perfusion continue de 1 000 ml de naloxone (1 mg de naloxone pour 1 000 ml de chlorure de sodium à 0,9 %) à raison de 50 ml par heure, 8 heures par jour. En une heure, l’intensité du prurit tel qu’évalué par la patiente est passé de 10 à 1. Après 48 heures de ce régime, la patiente a reçu un traitement de maintien de 50 mg de naltrexone par jour. L’intensité du prurit a été maintenue à un niveau 1 et l’immunothérapie a pu être poursuivie. La naloxone est un antagoniste des récepteurs mu-opioïde, connus pour être surexprimés chez les patients souffrant de prurit chronique. 

(1) S. Kwarta et al., NEJM, 379, 16, 2018.

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr