Eczéma, psoriasis, prurit, cicatrices de brûlures...

L’eau de Rochefort fait du bien aux peaux pathologiques

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Publié le 11/01/2018

« À Rochefort, l’eau a quelque chose d’extraordinaire ». Le Dr Pierre Pages, médecin référent des Thermes de Rochefort (Charente-Maritime) n’est pas le premier à constater la complexité chimique et les vertus thérapeutiques de l’eau fortement ferrugineuse qui jaillit de la nappe souterraine percée une première fois en 1868, puis rouverte en novembre 1953.

Aujourd’hui, deux puits artésiens, la source de l’Empereur et Blondel provenant de la même nappe, constituent la source thermale de Rochefort. Puisées à 854 mètres de profondeur, les eaux qui remontent à la surface par ascendance hydrothermale sont à l’origine des eaux pluviales tombées il y a 30 000 ans. Dans la classe des eaux sulfatées françaises, l’eau de Rochefort est nettement la plus minéralisée et extrêmement riche en oligoéléments, ce qui la positionne comme « une eau mixte et complexe qui n’est pas classable » comme la plupart des autres eaux thermales françaises, explique le Dr Pages. Très pure sur le plan bactériologique et pratiquement isotonique au sérum sanguin (Ph 6,90), elle possède une action anti-inflammatoire, anti-exsudative et cicatrisante reconnue. La présence de Fer et d’Arsenic couplée notamment avec du Bore, du Cuivre, du Zinc, du Sélénium, du Vanadium, du Manganèse et du Lithium lui confère une action fortement trophique et cicatrisante. Elle se révèle ainsi particulièrement adaptée pour le traitement des pathologies dermatologiques parmi les plus courantes.

Une double action sédative et dermatologique

L’eau thermale de Rochefort est indiquée pour le traitement de l’eczéma infantile (dès 3 mois) ou de l’adulte, du psoriasis, des prurits ou encore des cicatrices après brûlure ou d’origine post-traumatique. « D’autres pathologies dermatologiques plus rares comme la dermatomyosite peuvent également être des indications qui justifient des soins thermaux à Rochefort », ajoute le Dr Pages. L’effet clinique de cette eau repose à la fois sur une action sédative et une action purement dermatologique par assèchement des lésions suintantes, désinfiltration des lésions, effet antiseptique et décongestionnant. Les soins prescrits en dermatologie, à raison de 4 par jour pendant les 3 semaines que dure la cure, sont adaptés à chaque patient, à leur pathologie et aux types de lésions cutanées qu’ils présentent : tous les soins sont personnalisés.

Il peut alors s’agir de bain individuel avec injection d’air sous pression pour provoquer un effet bouillonnant et potentialiser l’effet de sédation de l’eau thermale, de compresses d’eau thermale chaudes qui favorisent la pénétration transcutanée des oligoéléments et des ions soufrés, de pulvérisations externes aux propriétés antiprurigineuse, anti-inflammatoire et sédative ou encore d’illutations locales multiples (préparation d’un mélange d’argile et d’eau thermale appliquée sur les lésions atteintes par l’eczéma ou le psoriasis). Des applications de cataplasmes de peloïdes issus des boues recueillies sur les bords de la Charente et maturées pendant 3 mois de toutes leurs impuretés par action de l’eau thermale entrent également dans le champ des soins dermatologiques qui peuvent être prescrits durant la cure.

« Même si la première année, nous n’obtenons pas le plein de résultat, beaucoup de curistes sont très améliorés au long cours », affirme le Dr Pages. L’effet connu sous le nom de « crise thermale » qui intervient généralement au milieu de la première cure sous la forme de poussées inflammatoires n’est en effet que transitoire et une grande majorité des patients bénéficient des effets de la cure pendant plusieurs mois avec, environ deux à trois mois d’amélioration supplémentaires de gagner après chaque nouvelle cure. « Certains patients sont tellement améliorés et la surface de leur peau atteinte a tellement diminué qu’ils ne veulent plus arrêter les cures », conclut d’ailleurs le Dr Pages.

Benoît Thelliez

Source : Le Quotidien du médecin: 9630