Après avoir été approuvé par la Commission européenne dans la polyarthrite rhumatoïde, le rhumatisme psoriasique et la spondylarthrite ankylosante, l’upadacitinib (Rinvoq, laboratoire AbbVie) vient d’être autorisé dans la dermatite atopique (DA) modérée à sévère chez les adultes et les adolescents de plus de 12 ans nécessitant un traitement systémique.
« Traiter la DA est une priorité pour éviter l’apparition d’autres maladies telles que les allergies alimentaires, l’asthme et les rhinites allergiques. Les dermatologues poursuivent deux objectifs majeurs : restaurer la barrière cutanée et bloquer l’inflammation à l’aide d’anti-inflammatoires topiques et/ou systémiques, souligne la Dr Audrey Nosbaum, directrice du centre d’excellence et d’expertise en DA (ADCARE, CHU de Lyon). Cet inhibiteur de JAK cible les cytokines clés impliquées dans la pathogénie de la DA. »
Cette autorisation repose sur les données du programme de phase 3 mené chez plus de 2 500 patients de 12 ans et plus (pesant au moins 40 kg) atteints d’une forme modérée à sévère de la maladie. L’efficacité et la tolérance de l’upadacitinib ont été évaluées en monothérapie et en association avec des dermo-corticoïdes par rapport au placebo. Dans les trois études du programme, les co-critères principaux étaient une réponse EASI-75 (amélioration de 75 % des lésions cutanées corporelles) et un score vIGA-AD (échelle validée d’évaluation globale par l’investigateur de la DA) de 0/1 (blanchi ou presque blanchi) à la semaine 16. L’upadacitinib a atteint tous les critères principaux et secondaires, démontrant une amélioration rapide et significative des lésions cutanées, une réduction des démangeaisons et une amélioration de la qualité de vie par rapport au placebo jusqu’à la semaine 16. Ces résultats ont été maintenus jusqu’à la semaine 52. Globalement, l’upadaticinib est bien toléré. Les effets secondaires à 52 semaines restent légers ou modérés : acné, surinfections, lésions herpétiques, folliculites, infections respiratoires.
Ciclosporine en première ligne
Les recommandations européennes de 2020 préconisent de traiter les patients ayant une forme modérée par des dermocorticoïdes lors des poussées et par de la photothérapie (UVB) en entretien. Les patients sévères doivent bénéficier de traitements systémiques : immunosuppresseurs/modulateurs en première ligne et biothérapies en deuxième ligne.
La ciclosporine est actuellement le seul médicament per os autorisé et remboursé en première intention en France dans la DA sévère. Ce traitement est efficace mais n’est pas toujours bien toléré. « Il peut engendrer des problèmes de néphrotoxicité, note le Dr Ziad Reguiai, dermatologue à la polyclinique de Courlancy (Reims). Et il est rarement prescrit plus de 18 mois, ce qui pose un problème dans le cas d’une maladie chronique comme la DA. »
En cas d’échec de la ciclosporine, « nous pouvons prescrire le méthotrexate (hors AMM), efficace et plutôt bien toléré. Mais aussi le dupilumab et le baricitinib (un inhibiteur de JAK) qui ont une AMM, ou l’upadacitinib qui a une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) », poursuit le dermatologue, précisant que l’upadacitinib a montré une efficacité supérieure au dupilumab dans l’étude clinique Heads up.
L’arrivée de l’upadaticinib vient ainsi étoffer l’arsenal thérapeutique existant. « Il répond à un réel besoin dans une maladie caractérisée par une hétérogénéité clinique et de nombreuses cibles inflammatoires potentielles », souligne le Dr Reguiai. L’avis à venir de la Haute Autorité de santé précisera la prise en charge dans la stratégie thérapeutique.
D'après une conférence de presse AbbVie
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