Dermatologie esthétique et correctrice

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Publié le 07/03/2016
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Les effets de la toxine botulinique sont plus marqués quand le traitement est débuté après 55 ans

Les effets de la toxine botulinique sont plus marqués quand le traitement est débuté après 55 ans

Certaines publications plaident en faveur d’une utilisation précoce et prolongée de la toxine botulinique pour un effet à long terme sur le vieillissement facial. Ainsi une étude sur 194 cas (93,8 % de femmes, d’âge moyen 46,4 ans en début de traitement et 55,8 ans à l’évaluation) traités en deux séances par an pendant au moins 5 ans, fait état d’un taux de satisfaction pour les rides glabellaires

de 92,3 % et d’une bonne corrélation avec l’évaluation du médecin. Autre constat tiré de cette étude : l’âge perçu est en moyenne de 6,9 ans inférieur à l’âge réel et cet écart est d’autant plus important que le traitement a été prolongé : rajeunissement perçu de 5,8 ans pour un traitement de 5 à 10 ans, de 7,2 ans pour un traitement de 15 à 20 ans.

Une autre étude sur la même série indique que cette diminution de l’âge perçu est plus marquée lorsque le traitement est débuté après 55 ans qu’avant 45 voire 35 ans. Un paradoxe qui s’expliquerait par le fait que les signes de vieillissement sont d’autant plus importants que l’on avance en âge, ce qui rend les effets de la toxine plus visibles.

Au chapitre des complications

Le ptosis de la paupière supérieure, spontanément régressif en quelques semaines est une complication classique du traitement des rides glabellaires par la toxine botulinique. Sept cas de ptosis colligés dans un service d’ophtalmologie ont disparu en 3 à 5 mois pour la plupart ; le traitement habituel, le collyre à l’apraclonidine (Lopidine), a été inefficace initialement mais un retour d’efficacité de ce traitement annonçait la régression du ptosis en 4 à 6 semaines. L’aproclonidine pourrait ainsi être utilisée comme test prédictif : en cas d’inefficacité, il est probable que le ptosis persistera au-delà de 6 semaines.

Pas de peeling sous isorétinoïne !

Une étude met en garde contre les risques de peeling en cas de traitement conjoint par isorétinoïne. Chez une patiente de 34 ans traitée par isotrétinoïne 10 mg, 3 fois par semaine et qui avait eu plusieurs peelings auparavant sans dommage, le dernier peeling a été suivi d’un érythème et d’érosions frontales aboutissant à une hyperpigmentation postinflammatoire et la persistance d’une zone cicatricielle au niveau du front.

Les complications vasculaires des fillers sont rares mais susceptibles de survenir même avec des injecteurs très expérimentés. Une équipe rapporte un taux de complications de 0,05 % (sur 15 355 injections), variable selon le type de produit (0,27 % avec l’hydroxyapatite biphasique, 0,09 % avec l’acide hyaluronique monophasique et 0,03 % avec l’acide hyaluronique biphasique). Ces accidents, à type surtout de nécroses locales concernent essentiellement la partie haute du sillon nasogénien et la région glabellaire. Le traitement immédiat, par nitroglycérine topique et hyaluronidase a permis une résolution complète dans tous les cas.

Le laser à la loupe

Cette moisson 2015 comporte de nombreuses études sur le laser. Dans les varicosités des membres inférieurs, laser et sclérothérapie ont une efficacité comparable (et élevée), avec des douleurs plus importantes lors du laser et une hyperpigmentation plus fréquente après sclérothérapie.

Dans les angiomes plans du visage, une étude chez 22 enfants montre que l’application d’un bétabloquant topique dans le but de limiter la néoangiogénèse en traitement adjuvant du laser, ne donne pas de meilleurs résultats que le laser seul.

Le traitement des neurofibromes par laser CO2 a un impact positif sur la qualité de vie dans une étude rétrospective sur 106 patients dont 90 % se sont déclarés satisfaits du traitement, en accord avec l’avis des opérateurs laséristes.

L’effet du laser fractionné ablatif CO2 sur l’atrophie vulvovaginale (VVA) de femmes ménopausées a été analysé dans 4 études qui montrent pour l’une des modifications histologiques de la muqueuse témoignant d’un processus de régénération et, pour les trois autres, une amélioration significative des symptômes de la VVA et de la qualité de vie sexuelle.

Nouvelles pistes

Parmi les nouveaux traitements, celui des cicatrices chéloïdes par phénolisation (applications au coton-tige d’une solution de phénol à 40 % dans de l’eau distillée, pendant 3 puis 5 minutes) qui au prix de 14 séances en moyenne a permis une régression moyenne de 75 % sans récidive (recul de 12,8 mois) dans une étude sur 21 patients.

Dans l’alopécie androgénétique le plasma enrichi en plaquettes (PRP) a donné dans une étude sur 64 patients (42 hommes, 22 femmes) des résultats encourageants d’autant meilleurs que l’alopécie était importante, ceux-ci devant être confirmés

D’après un entretien avec le Dr Thierry Michaud (Toulouse)

(1) Michaud T. Annales de dermatologie et de vénérologie 2015 DOI/ 10.1016/S0151-9638(16)30002-3

Dr Sophie Parienté

Source : Bilan spécialiste