Cancers thyroïdiens agressifs et réfractaires

Bonne réponse à un inhibiteur de tyrosine kinase

Publié le 22/09/2010
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LES RÉSULTATS d’un essai de phase II chez des patients atteints d’un cancer de la thyroïde différencié et avancé montrent dans près de la moitié des cas une réponse thérapeutique. Le traitement proposé par Keith Bible (Mayo Clinic, Rochester, États-Unis) et coll. repose sur le pazopanib, un inhibiteur des récepteurs du facteur de croissance vasculaire, le VEGF. Deux tiers d’entre eux ont bénéficié d’une réponse thérapeutique persistant plus d’un an. Un résultat à la fois surprenant et porteur d’espoir puisque la tumeur évolue en général en l’espace de six mois.

L’essai a été mené, de février 2008 à janvier 2009, auprès de 37 patients porteurs d’un cancer thyroïdien différencié, résistant à l’iode radioactif, rapidement progressif et métastasé. Chacun d’entre eux a reçu en continu 800 mg quotidiens de pazopanib (inhibiteur de la tyrosine kinase). Le traitement était réalisé par cure de 4 semaines, jusqu’à l’apparition d’une progression de l’affection ou d’une intolérance. Dans la cohorte, constituée de 51 % d’hommes et d’un âge moyen de 63 ans, une médiane de 12 cycles thérapeutiques a été réalisée. Chez 18 patients (49 %) une réponse partielle a été relevée. La probabilité d’une durée de la réponse depassant un an a été estimée à 66 %.

Concentrations plasmatiques les plus élevées.

Un point intéressant est noté par les auteurs. Les concentrations plasmatiques les plus élevées de pazopanib étaient corrélées à la réponse radiologique. Ce qui leur permet de dire qu’une augmentation individuelle des doses devrait être possible. Essentiellement lorsque les concentrations sériques de la molécule se sont montrées basses au cours du premier cycle, tout en prenant en compte la survenue d’effets délétères.

Cette notion d’intolérance est d’importance avec le pazopanib. En effet, chez 16 patients (43 %) une réduction des doses a dû être réalisée en raison d’effets indésirables. Pour l’ensemble, il s’agissait surtout d’asthénie (29 patients), de dépigmentation cutanée et des cheveux (28), de diarrhée (27) et de nausées (27). Toutefois des effets indésirables liés à la classe des inhibiteurs de la tyrosine kinase sont apparus : hypertension et saignements. Autant de troubles qui laissent entendre que la molécule devrait être réservée aux cancers thyroïdiens agressifs.

Les résultats encourageants de cette étude de phase II ont permis d’ores et déjà de mettre en place une évaluation dans une cohorte de patients plus importante. Elle va porter sur des sujets atteints d’un cancer thyroïdien médullaire et anaplasique.

Lancet Oncology, édition avancée en ligne 17 septembre 2010. DOI:10.1016/S1470-2045(10)70203-5.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8820