COMMENT FAIRE FACE à cette épidémie « silencieuse » du XXIe siècle ? Cette question est au cœur du Livre blanc du diabète, élaboré à l’initiative de la Société Francophone du Diabète (SFD). Rédigé par le Pr Serge Halimi (CHU, Grenoble), Alain Coulomb (consultant, ancien directeur de la Haute Autorité de santé) et Igor Chaskilevitch (journaliste santé, directeur associé d’Edinews), ce Libre blanc dresse un état des lieux exhaustif de la question avant d’avancer sept propositions pour lutter contre « cette épidémie galopante » et, selon les auteurs, encore trop négligée par les pouvoirs publics. « En moins de dix ans, la prévalence du diabète traité en France est passée de 2,6 à 4,4 % et le nombre de diabétiques de 1,6 à 2,9 millions de personnes. Dans le même temps, le coût du diabète, extrapolé de tous les régimes d’assurance-maladie, a doublé et approche aujourd’hui 14 milliards d’euros, soit 10 % des dépenses de santé dont environ 40 % pour la seule hospitalisation », relève, dans la préface de l’ouvrage, le Pr Jacques Bringer. Et le président de la SFD de poser la question : nos sociétés, notre pays doivent-ils se résoudre à subir le fléau du diabète et de ses conséquences humaines et financières ?
Pour les auteurs du Livre blanc, ce combat doit aujourd’hui être livré très largement au-delà des frontières de l’hexagone. « Pandémie serait certainement le terme le plus approprié quand on évoque la prévalence du diabète à l’échelle planétaire », souligne le document en rappelant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à plus de 220 millions le nombre de personnes diabétiques dans le monde (tous types de diabètes confondus). « Un chiffre qui pourrait doubler d’ici à 2030 si aucune mesure n’est prise », constate le Livre blanc, en citant le chiffre de 3,2 millions de décès imputables au diabète chaque année dans le monde, chiffre avancé par l’International Diabetes Federation (IDF).
Sept propositions.
Dans ses conclusions, le Livre blanc présente sept propositions pour faire face à l’épidémie : inventer pour réduire l’impact du diabète ; médiatiser le diabète pour mieux le prévenir ; centrer l’organisation sur le malade et non pas sur la maladie ; améliorer la qualité de vie des malades ; orchestrer la partition entre les professionnels pour assurer une meilleure prise en charge des patients ; mieux former les professionnels de santé à l’éducation thérapeutique du patient ; innover vers une recherche translationnelle et transversale commune à la majorité des maladies chroniques.
« Parmi ces propositions, celle sur la médiatisation me paraît primordiale », souligne Alain Coulomb. « Il existe en effet un écart considérable entre l’analyse objective d’une situation et sa perception par les autorités sanitaires, les médias et le grand public. Toutes les affections de longue durée (ALD) ne sont pas égales face à la médiatisation. Par exemple, les maladies cardio-vasculaires ou le cancer suscitent un très large intérêt médiatique ce qui est loin d’être le cas des maladies mentales ou du diabète. Si vous ouvrez un journal féminin, vous aurez beaucoup plus de chances de tomber sur un article sur le cancer du sein que sur le diabète gestationnel », poursuit Alain Coulomb, en ajoutant que cette faible médiatisation s’explique par la perception de la gravité de la pathologie. « Pour beaucoup de gens, y compris des décideurs, il n’y a pas de quoi faire toute une affaire pour un peu de sucre dans le sang ».
Un autre élément, selon Alain Coulomb, est le manque de valorisation de l’activité des diabétologues. « C’est une activité qui n’est pas rémunérée en libéral et mal rémunérée à l’hôpital qui, à l’ère de la T2A, considère que les patients diabétiques coûtent beaucoup plus qu’ils ne rapportent ».
L’ancien directeur de la HAS tient enfin à mettre en avant la proposition visant à centrer l’organisation des soins autour du malade. « C’est une approche essentielle. Arrêtons de parler de la maladie et parlons des patients ! Ce sera un premier pas pour organiser une meilleure fluidité entre la ville et l’hôpital », indique Alain Coulomb, qui cite un exemple concret. « Prenons le cas du diabète gestationnel. On peut considérer qu’il existe deux façons de le prendre en charge. La première est d’hospitaliser la femme enceinte pendant quelques jours pour lui apprendre à se servir d’une pompe à insuline. L’autre solution est d’inscrire sa prise en charge dans un réseau de soins. Le coût entre les deux solutions varie de 1 à 10. Simplement pour mettre en œuvre la deuxième solution, il faut que ce réseau existe, ce qui suppose de mettre en œuvre une organisation transversale des soins entre la médecine hospitalière, spécialisée et générale et les paramédicaux ».
D’après un entretein avec Alain Coulomb, co-auteur du Livre blanc du diabète, consultant et ancien directeur de la Haute autorité de santé (HAS).
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