Comment l’activité des hôpitaux sera-t-elle financée à l’avenir ? « C’est une question importante mais, pour l’instant, on ne sait pas bien quelles sont les intentions des pouvoirs publics. Le président de la République a annoncé sa volonté d’abandonner la tarification à l’activité [T2A], mais toute la question est de savoir quel mode de financement va la remplacer. Est-ce que cela sera un financement au forfait ? Au parcours ? À la performance ? Sur quels indicateurs si c’est le cas ? Pour l’instant, c’est encore flou », remarque la Pr Sandrine Lablanche, cheffe du service de diabétologie-endocrinologie-nutrition du CHU Grenoble-Alpes.
L’alternative de l’HDJ
Nul doute que les diabétologues ne se plaindront pas de la sortie de la T2A, un système de financement peu adapté au suivi d’une maladie chronique comme le diabète. « Avec la T2A, c’est l’acte technique qui était valorisé financièrement à l’hôpital : les prises de sang, les examens radio, les dopplers, les consultations cardiologiques… Cela ne favorisait pas l’intervention des professionnels de santés : les infirmières, les diététiciens, les psychologues, les assistantes sociales. Une spécialité comme la diabétologie était désavantagée car elle repose beaucoup sur la multiprofessionnalité, et pas tellement sur la technicité au sens de l’acte », indique la Pr Lablanche.
Néanmoins, des évolutions récentes sur le mode de financement des hospitalisations de jour (HDJ) avaient permis de valoriser ces interventions pluriprofessionnelles (infirmière d’éducation, diététicienne, psychologue), dans le cadre de la prise en charge ambulatoire du patient diabétique.
Dans beaucoup de services de diabétologie, ce nouveau mode de financement a permis de développer l’ambulatoire et de mieux structurer les parcours de soins des patients. « Cela a notamment été utile pour la mise en place du dispositif de boucle fermée (pancréas artificiel) qui nécessite des consultations successives en HDJ [lire aussi p. 30 et 32], ou pour la prise en charge des patients atteints de diabète de type 2 », précise la Pr Lablanche.
Les diabétologues vont suivre de près les débats autour des nouveaux modes de financements et s’assurer qu’ils permettent la prise en charge de tous les patients, y compris ceux plus sévères, demandant le plus de suivi. « Il y a deux ou trois ans, des négociations ont eu lieu pour étudier la mise en place d’un financement au forfait. Cela n’a pas abouti, car le montant n’était pas à la hauteur de ce qui est nécessaire, pour les soignants, pour assurer une prise en charge pluriprofessionnelle des patients diabétiques. Un forfait gradué en fonction du niveau de sévérité des patients et du besoin en soins paraît absolument nécessaire pour que le forfait couvre la diversité des patients à prendre en charge, et garantisse aux équipes de pouvoir financer les professionnels nécessaires à la prise en charge de ce patient. Un forfait unique risquerait de pénaliser les équipes prenant en charge les patients les plus sévères et nécessitant un investissement en temps important des professionnels », avertit la Pr Lablanche.
Exergue : « Un forfait unique risquerait de pénaliser les équipes »
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