Le fœtus n’est pas insensible à l’hyperglycémie maternelle. Or l’on sait que l’environnement joue un rôle dans la survenue du diabète de type 2. Se pourrait-il qu’il existe une transmission intergénérationnelle lors de la vie fœtale en cause dans l’épidémie actuelle de surpoids, d’obésité et d’intolérance au glucose ? C’est l’avis du Pr Anne Vambergue, endocrinologue au CHRU de Lille et chercheur dans l’unité « Environnement périnatal et croissance » à la faculté de Lille.
« De façon récente, il a été démontré que l’exposition maternelle hyperglycémique est un des multiples facteurs de risque de survenue d’un syndrome métabolique de l’adulte, explique-t-elle. Certes les études sont d’interprétation difficile, en particulier l’importance et la part respective de l’exposition au diabète par rapport aux autres facteurs de risque sont mal quantifiés. Malgré ces incertitudes, il apparaît clairement qu’il existe des périodes de vulnérabilité pendant notre vie intra-utérine pendant lesquelles peuvent survenir des modifications qui conditionneront notre avenir métabolique. C’est le concept de programmation métabolique des maladies chroniques. »
Cette transmission transgénérationnelle ne passerait pas par le code génétique lui-même, mais par des modifications épigénétiques. L’un de ces mécanismes épigénétiques passe par la méthylation de l’ADN, qui entraîne l’impossibilité de lire l’ADN à cet endroit. « C’est l’extinction de l’ADN, explique-t-elle. Mais le phénomène est réversible. En limitant le diabète gestationnel, il serait ainsi possible de limiter le risque pour les générations ultérieures et sortir du cercle vicieux. »
Le dépistage du diabète gestationnel pourrait ainsi protéger la mère et l’enfant. « Les femmes ayant eu un diabète gestationnel ont un risque multiplié par 7 de développer un diabète de type 2, souligne l’endocrinologue. La prévention du diabète passe par le dépistage des femmes avec des facteurs de risque, qui sont l’âge› 35 ans, un surpoids, des parents diabétiques, un antécédent de diabète gestationnel ou de macrosomie. » Le dépistage passe par une glycémie à jeun en début de grossesse et l’hyperglycémie provoquée par voie orale à 75 g de glucose à 24-28 SA. « Il est important de dire aux femmes de poursuivre au-delà de l’accouchement les mesures hygiénodiététiques et l’activité physique pour prévenir pour elles-mêmes l’apparition d’un diabète de type 2, insiste-t-elle. Mais bien au-delà, l’enjeu du dépistage est aussi d’empêcher la programmation fœtale et de protéger la descendance. »
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