Une vaste enquête à la française

Des risques spécifiques de diabète chez certains boulangers-pâtissiers

Par
Publié le 05/09/2017
boulangers

boulangers
Crédit photo : Phanie

La France manque de données concernant le risque de diabète de type 2 (DT2) dans la population active, rien de publié à ce jour, pas non plus selon l’activité professionnelle. On pense intuitivement que certains métiers sont exposés au risque de diabète et évidemment aux boulangers-pâtissiers d’abord.

Une équipe de Nancy a mené une très large enquête transversale, par téléphone de mai 2015 à mai 2016, à partir de la base de données des employés de la boulangerie-pâtisserie française (n = 105 825), par entretiens téléphoniques menés par 6 infirmières. Ils ont permis d'établir les temps et modalités de travail des professionnels, et de calculer leur score FINDRISC (qFR) : noté de 0 à 26 sur 8 items, il permet une catégorisation des sujets en 5 niveaux de risque de développer un diabète.

Après exclusion des sujets retraités, des personnes présentant un diabète déjà connu et de ceux non joignables, 30 248 sujets ont pu être contactés, dont 20 029 ont accepté de participer et 19 951 ont répondu à l’ensemble des questions.

Les analyses ont été effectuées sur les plus de 45 ans et ceux qui en outre étaient porteurs d’au moins un des 3 principaux facteurs de risque de DT2 (l’IMC ≥ à 28, des antécédents d’HTA ou de parent de 1er degré présentant un DT2).

Près de 20 000 participants

Pour les 19 951 répondants analysés, l’âge moyen était de 38,0 ± 13,5 ans, 9 891 (49,6 %) étaient des hommes, 1/3 étaient en surcharge pondérale et la moitié avaient un tour de taille élevé (> à 94 cm pour les hommes et 80 cm pour les femmes).

La moyenne du score qFR était de 5,9 ± 4,4. Quatre pour cent (n = 802) étaient classés à risque élevé ou très élevé.

Pour les sujets de 45 ans ou plus et d’au moins 45 ans avec facteur de risque, la probabilité élevée ou très élevée de développer un DT2 était respectivement de 8,1 % et 15,5 %. Les boulangers travaillant à temps partiel (OR = 1,4 ; p = 0,0004), comme ceux qui travaillent dans la vente (OR = 1,6 ; p = 0,0016) étaient significativement plus susceptibles d’avoir un haut ou très risque de développer un DT2.

Selon cette étude, les employés de la boulangerie-pâtisserie française ne semblent pas plus à risque de surpoids et de DT2 que la population générale. Mais elle souligne la nécessité d’une attention toute particulière après l’âge 45 ans chez ceux porteurs d’un ou plusieurs des principaux facteurs de risque de diabète et ceux travaillant à temps partiel et/ou dans le secteur de la vente. Pour les auteurs, le score FINDRISC devrait être largement étendu demain en milieu professionnel pour identifier les sujets les plus à risque de DT2 ainsi orienter les actions de prévention.

Professeur émérite, université Grenoble Alpes (Grenoble)
Böhme Philip et al.  Estimation du risque de développer un diabète de type 2 par le score FINDRISC chez les boulangers-pâtissiers français : enquête nationale chez près de 20 000 sujets. Diabetes Metab 2017,43,A51-A117 A71.
https://www.diabeteanalytics.fr/-/media/EMS/Conditions/Diabetes/Brands/…

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr