Diabète : le tabagisme reste élevé, selon l’étude Entred 3 de Santé publique France

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Publié le 08/11/2022
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Crédit photo : S.Toubon

Les résultats de la 3e édition de l’étude « Échantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques » (Entred 3) mettent en évidence les niveaux élevés de prévalence d’obésité et de tabagisme chez les diabétiques de type 2 (DT2), auxquels s’ajoute, chez les diabétiques de type 1 (DT1), une fréquence élevée de consommation d’alcool.

Publiée dans le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France (SPF), à l’approche de la Journée mondiale du diabète, le 14 novembre, cette étude, menée en métropole en 2019, repose sur un questionnaire et des données extraites du système national des données de santé (SNDS). Les 2 714 diabétiques de type 2 de l’étude (55,3 % d’hommes) avaient un âge moyen de 67,6 ans, avec une ancienneté médiane du diabète de 10,7 ans. Les 412 diabétiques de type 1 (57 % d’hommes) avaient en moyenne 47 ans et 55,6 % avaient une ancienneté du diabète ≥20 ans. Ces derniers avaient par ailleurs un niveau socio-économique plus favorable que les diabétiques de type 2.

Le « rôle particulièrement pervers » du tabac

Plusieurs facteurs de risque de complications ont été identifiés dans ces deux groupes, et notamment le surpoids/obésité à 49,9 % chez les DT1 et 80,1 % chez les DT2, le tabagisme respectivement à 25,3 % et 13,4 % et la consommation d’alcool élevée ou sévère à 11,3 % et 7 %. Dans un éditorial associé, le Pr André Grimaldi, professeur émérite de diabétologie (Pitié-Salpêtrière, AP-HP), souligne ainsi que « le tabagisme semble se maintenir à un taux élevé chez les patients diabétiques, alors qu’il tend à régresser dans la population générale ».

Chez les diabétiques de type 1, les prévalences importantes de surpoids/obésité et de tabagisme ont même pour conséquence de modifier le profil de la maladie : « le phénotype moderne du diabète de type 1 associe à la carence insulinique absolue qui le caractérise le développement d’une insulinorésistance, autrefois apanage du diabète de type 2 », souligne le Pr Grimaldi.

Chez les diabétiques de type 2, le tabac joue un « rôle particulièrement pervers », estime-t-il : le fait de fumer est « un facteur de risque du diabète de type 2, à la fois en favorisant la répartition abdominale viscérale des graisses, et en induisant fréquemment lors de l’arrêt de l’intoxication une prise de poids importante ». Selon lui, le gradient social retrouvé à la fois dans l’obésité, le diabète de type 2 et le tabagisme permet de parler de « syndémie » et invite à une politique de santé publique globale.

Une baisse des complications à confirmer

Un autre enseignement de l’étude Entred 3 porte sur les complications. Chez les diabétiques de type 2, si la prévalence des complications micro et macrovasculaires, rapportées par les patients, reste « relativement élevée », elle est en diminution par rapport à l’édition précédente de 2007. « Les publications ultérieures diront si la diminution rapportée de la perte de vue d’un œil et d’un mal perforant plantaire est corrélée, comme on peut le penser, à une amélioration de l’équilibre glycémique, commente le Pr Grimaldi. Elles devront aussi confirmer la diminution des complications coronariennes, rapportées par les patients, que pourrait expliquer une plus large prescription de statines ».

Concernant les diabétiques de type 1, « les complications macrovasculaires sont moins fréquentes », mais « la prévalence des complications microvasculaires est très élevée, qu’il s’agisse des complications ophtalmologiques, podologiques ou rénales », indiquent les auteurs. Ces résultats seront complétés par les informations recueillies auprès des médecins, afin d'en savoir davantage « sur le niveau de contrôle des facteurs de risque de complications, notamment l’équilibre glycémique », poursuivent-ils.

« D’autres analyses sont par ailleurs à venir sur la qualité de vie, le recours aux soins, le recours aux nouveaux dispositifs et outils connectés, les complications aiguës, l’observance thérapeutique, le retentissement professionnel, familial, social du diabète, la littératie en santé… », listent-ils, indiquant également des travaux sur les populations résidant en outre-mer.


Source : lequotidiendumedecin.fr