COMMENT bien vieillir ? Alors que l’espérance de vie ne cesse de s’allonger, cette question très personnelle taraude de plus en plus les scientifiques de tout poil, les médecins en premier lieu. Si le rôle néfaste de l’adiposité sur la santé ne fait plus aucun doute, on ne s’était pas beaucoup intéressé jusqu’à présent à évaluer l’effet d’une prise de poids sur le fait de bien ou mal vieillir. Seule une étude asiatique, le Honolulu Asia Aging Study, avait mis en lumière, chez les sujets masculins, les conséquences négatives sur le vieillissement d’un tour de taille arrondi. Mais rien ou très peu, n’était disponible pour les femmes.
A priori à la cinquantaine avoir perdu la silhouette élancée de ses 18 ans ne semble pas une terrible menace pour le bien-être de ses vieux jours. Et bien, il semblerait que si ou presque, tout étant, bien sûr, question de proportions. Impitoyable vérité pour les femmes devenues obèses à 50 ans. Leur importante surcharge pondérale grèverait de près de 80 % leurs chances d’être en bonne santé à l’âge de 70 ans. Il est apparu en effet que chaque point d’indice de masse corporelle (IMC) supplémentaire diminue de 12 % la probabilité de vieillir en forme. D’après les conclusions d’épidémiologistes de Boston (Qi Sun et coll.), éviter de prendre du poids serait donc un gage de vieillir en bonne santé. Mesdames, la « dictature » de la minceur vous poursuivra jusqu’à la tombe…
Un formulaire tous les 2 ans.
Dans cette étude de cohorte, plus de 17 000 infirmières ayant 50 ans à l’inclusion ont été suivies au moins jusqu’à l’âge de 70 ans, sur la période allant de 1976 à 2000. Le premier point délicat a consisté à définir ce qu’on entendait par bonne santé, puisqu’il n’existe aucun consensus sur le sujet. Étaient ainsi considérées saines les femmes, qui n’avaient aucune des 11 maladies chroniques les plus fréquentes (cancer, diabète, infarctus du myocarde, pontage aorto-coronarien, insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral, insuffisance rénale, BPCO, maladie de Parkinson, sclérose en plaques, sclérose latérale amyotrophique), qui ne présentaient aucun déficit cognitif, qui n’avaient pas de limitations physiques et qui étaient en bonne santé mentale.
Après un questionnaire d’entrée complet, il était demandé aux participantes de remplir un formulaire de suivi tous les deux ans. La survenue d’une maladie, l’existence de facteurs de risque et les changements de mode de vie y étaient consignés. Le poids, le tour de taille et le tour de hanches également. Les fonctions cognitives étaient évaluées par téléphone à l’aide d’un score standard. Quant à la forme physique, elle était évaluée à l’aide de questions sur les efforts de la vie quotidienne. Pour mesurer la santé mentale, l’échelle de qualité de vie SF-36 a été utilisée. Pour le poids, six catégories d’IMC ont été définies allant de <18,5 à ≥30. Les femmes ont été ensuite regroupées en 5 catégories en fonction de la variation de poids : perte ≥4 kg, poids stable (référence), gains de 4,0 à 9,9 kg, de 10,0 à 14,9 kg, de 15,0 à 19,9 kg et ≥20kg. Quant à l’ajustement, il a été réalisé sur de nombreux facteurs : âge d’inclusion, niveau d’études et celui du mari, statut marital, traitement hormonal substitutif, tabagisme, antécédents familiaux, activité physique et sportive, alimentation.
Quatre kilos en plus.
Sur les 17 065 infirmières en vie à l’âge de 70 ans, seules 1 686 (9,9 %) étaient en bonne santé. Il est apparu que plus la prise de poids après l’âge de 18 ans était importante, plus les chances d’être en bonne santé après 70 ans étaient faibles. Les femmes devenues obèses (IMC ≥30) avaient 79 % moins de chances d’être en forme par rapport aux femmes minces (IMC entre 18,5-22,9). La catégorie de femmes la plus à risque était celle ayant une surcharge pondérale à 18 ans (IMC≥25) et ayant pris ≥10 kg, par rapport aux femmes ayant un poids normal stable. Mais même une prise pondérale modérée (4-10 kg) était associée à une santé future plus fragile. L’étude met ainsi en évidence qu’il n’existe pas « d’effet seuil » de la prise pondérale en excès. Les chances d’être en bonne santé commencent en effet à chuter, alors même que l’IMC à l’âge de 50 ans est encore dans la « normale ». Les auteurs concluent en soulignant l’importance de maintenir un poids de forme tout au long de la vie afin d’optimiser ses chances d’être en bonne santé à un âge plus avancé.
BMJ 2 009 ; 339 : b3796.
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