Diabète de type 1

Insulines de nouvelle génération : un temps passé dans la cible comparable

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Publié le 20/05/2022
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Dans l'essai contrôlé randomisé InRange mené dans le diabète de type 1, le temps dans la cible est comparable à 12 semaines que l'ancienne insuline basale à action prolongée soit changée pour de l'insuline glargine 300 unités/ml ou de l’insuline dégludec 100 unités/ml.
Ces résultats permettent une individualisation de la prise en charge des diabétiques

Ces résultats permettent une individualisation de la prise en charge des diabétiques
Crédit photo : Phanie

L’essai InRange est la première étude clinique randomisée à comparer l’insuline glargine 300 unités/ml (Toujeo, laboratoire Sanofi) et l’insuline dégludec 100 unités/ml (Tresiba, laboratoire Novo Nordisk) chez des patients diabétiques de type 1 en utilisant, comme critère d’évaluation principal, le temps passé dans la cible (Time in Range, TIR), via la mesure continue du glucose. Les résultats ont été présentés, fin avril, lors de la 15e Conférence internationale sur les technologies et traitements avancés du diabète (ATTD) à Barcelone.
Marqueur du contrôle glycémique, le TIR correspond au pourcentage de temps qu’une personne diabétique passe dans l’intervalle glycémique cible, généralement entre 70 et 180 mg/dl.

Cette étude a inclus 343 adultes dont le diabète de type 1 était insuffisamment contrôlé (HbA1c ≥ 7 % mais ≤ 10 %) par un schéma en multi-injections incluant une autre insuline basale à action prolongée. Le traitement antérieur par insuline à action rapide a été maintenu. Les patients ont été traités pendant 12 semaines et la mesure du glucose en continu (Continuous Glucose Monitoring, CGM) a été utilisée à la semaine 12 pour mesurer leur TIR.

L’étude a atteint le critère principal de jugement : les participants avaient un TIR comparable à la semaine 12 avec les deux traitements (52,74 % avec l’insuline glargine U300 contre 55,09 % avec l’insuline dégludec). Elle a également atteint son critère secondaire d’efficacité principal : les participants présentaient une variabilité glycémique similaire, mesurée par le coefficient de variation à la semaine 12 (39,91 avec l’insuline glargine U300 et 41,22 avec l’insuline dégludec).

D’autres critères secondaires incluaient le changement des valeurs d’HbA1c de l’inclusion (8,29 ± 0,82 % avec l’insuline glargine U300 et 8,34 ± 0,80 % avec l’insuline dégludec) à la semaine 12 (7,51 ± 0,76 % avec l’insuline glargine U300 et 7,38 ± 0,83 avec l’insuline dégludec). Les taux et les incidences d’hypoglycémie ainsi que la tolérance étaient comparables entre les deux traitements.

TIR et variabilité glycémique : deux paramètres clés

Comme le souligne le Pr Tadej Battelino, investigateur principal de l’étude, endocrinologue au Centre médical universitaire de Ljubljana en Slovénie, « ces résultats apportent aux cliniciens des informations sur l’effet de ces insulines, sur le temps passé dans la cible et la variabilité glycémique, permettant ainsi une individualisation de la prise en charge des diabétiques ».

L’essai InRange est un exemple de la pertinence des deux critères d’évaluation que sont le TIR et la variabilité glycémique dans les essais cliniques, pour générer des données cliniques et améliorer la compréhension des traitements. « L’HbA1c comporte des atouts de taille : ce test est facile à réaliser, il est peu onéreux et permet de prédire les complications vasculaires. C’est aussi une aide précieuse à la décision thérapeutique. Néanmoins, il n’offre qu’une mesure approximative de la glycémie et ne peut mettre en évidence la variabilité de la glycémie ou de l’hypoglycémie », affirme le Pr Richard Bergenstal, directeur exécutif de l’International Diabetes Center, investigateur de l’étude aux États-Unis.

De fait, deux personnes ayant un taux d’HbA1c identique de 8 %, par exemple, peuvent présenter des degrés de variabilité glycémique très différents. Or, ce paramètre est très important pour le praticien. « À court terme, la variabilité de la glycémie entraîne une série de complications : hypoglycémie, mortalité accrue aux urgences, diminution de la qualité de vie, troubles de l’humeur », souligne le spécialiste américain. Plusieurs études (2-4) ont montré que chaque baisse de 10 % du TIR est associée à une fréquence accrue de rétinopathies, de microalbuminurie, de neuropathies et de mortalité.

À l’inverse, chaque augmentation de 5 % du TIR améliore la glycémie de façon significative (5). Des sociétés savantes - l’American Diabetes Association (ADA), l’Association européenne pour l’étude du diabète (EASD), l’Advanced Technologies and Treatments for Diabetes (ATTD) - ainsi que le consensus international sur le TIR recommandent que la réduction de la variabilité glycémique et l’optimisation du TIR deviennent des éléments clés de la gestion du diabète chez les patients atteints de diabète de type 1 et de type 2 (6).

D’après une conférence de presse de Sanofi
(1) T. Battelino et al., Diabetes Ther, 2020. doi: 10.1007/s13300-020-00781-6
(2) R. W. Beck et al., Diabetes Care, 2019. doi: 10.2337/dc18-1444
(3) L. Mayeda et al., BMJ Open Diab Res Care. 2020; 8 ; e000991
(4) J. Lu et al., Diabetes Care 2021;44:549-55
(5) T. Battelino et al., Diabetes Care 2019;42:1593-603
(6) ADA, Diabetes Care, 2020;43 (suppl 1); 573-584;14

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin