Diabète de type 2

La linagliptine met en lumière la fréquence de l’insuffisance rénale

Publié le 11/10/2011
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L’ARRIVÉE PROCHAINE de la linagliptine (Trajenta) qui a obtenu son AMM européenne fin août illustre la place croissante des inhibiteurs de DPP-4 dans le traitement du diabète de type 2. Sa spécificité pharmacologique (élimination essentiellement hépatique), qui dispense d’adaptation posologique en cas d’altération rénale, est l’occasion de rappeler la fréquence et les conséquences délétères de cette dernière (1).

Le Pr Bernard Charbonnel a rappelé que si la metformine reste le traitement de référence en première ligne et en monothérapie, les inhibiteurs de la DPP-4 représentent la classe qui monte de par leurs propriétés (prise orale, absence de prise de poids, très faible risque d’hypoglycémie) et aussi en raison de la disparition des glitazones. Pour Bernard Charbonnel, ils sont à privilégier en cas de contre-indication ou d’intolérance à la metformine mais ils ont surtout acquis une place importante en seconde ligne, en association à la metformine. En particulier chez les sujets âgés et/ou fragiles (chaque année d’âge augmente de 3 % le risque d’hypoglycémie) et la situation clinique ne nécessite pas une baisse très rapide de la glycémie et du taux d’HbA1c.

Sur ce plan, la linagliptine a démontré une efficacité comparable à celle des autres inhibiteurs de DPP-4 : une diminution significative (versus placebo) de 0,6 à 0,7 % du taux d’HbA1c en monothérapie, et également de 0,6 % chez les patients insuffisamment contrôlés par metformine seule ou associée à un sulfamide. La linagliptine partage également avec les autres inhibiteurs de DPP-4 une très bonne tolérance avec, en particulier, l’absence de prise de poids et la très faible incidence des hypoglycémies.

Pas d’adaptation posologique.

L’originalité de la linagliptine vient de la pharmacocinétique qui autorise une prise unique quotidienne et, surtout, une élimination presque exclusivement hépatique ce qui dispense d’adaptation posologique en cas d’altération de la fonction rénale, cela à tous les stades. Or si tous les inhibiteurs de DPP-4 n’ont pas la toxicité rénale, les autres molécules sont majoritairement éliminées par le rein, ce qui nécessite une adaptation posologique en cas d’IRC.

Or, rappelle le Pr J.-M. Halimi, la maladie rénale constitue une comorbidité progressive fréquente dans le diabète de type 2 ; selon des statistiques américaines, 45 % des patients atteints de diabète de type 2 présentent un certain niveau d’insuffisance rénale chronique (IRC) et 20 % supplémentaires ont des marqueurs intermédiaires d’IRC.

De plus, la maladie rénale augmente considérablement la morbi-mortalité liée au diabète, une créatininémie élevée doublant le risque de décès cardiovasculaires, d’où l’importance de l’évaluation de la fonction rénale (microalbuminurie et créatininémie), d’autant que les nouvelles recommandations facilitent cette évaluation en autorisant les dosages sur un seul échantillon d’urines (de préférence le matin).

Enfin, l’insuffisance rénale modifie la prise en charge du diabète de type 2 en contre-indiquant certaines classes d’anti-diabétiques et en imposant souvent des adaptations posologiques, d’où l’intérêt d’une molécule comme la linagliptine, conclut le Pr J.-M. Halimi.

(1) Conférence de presse organisée par Boehringer-Ingelheim et Lilly, avec les Prs Bernard Charbonnel (Nantes) et Jean-Michel Halimi (Tours).

 Dr ALAIN MARIÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9022