L’autoimmunité de souris traitée avec succès

La piste du « nanovaccin » dans le diabète

Publié le 12/04/2010
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COMMENT étouffer l’hyperréactivité contre le soi sans compromettre l’immunité pour autant ? À ce grand casse-tête posé par les maladies auto-immunes, l’équipe canadienne dirigée par le Pr Pere Santamaria a peut-être trouvé une solution : le « nanovaccin ». Les chercheurs de l’université de Calgary ont en effet réussi à renverser la progression du diabète chez des souris atteintes et à empêcher la survenue de la maladie chez d’autres prédisposées génétiquement.

Au-delà de tous les espoirs soulevés dans le diabète de type 1, leurs travaux apportent un éclairage nouveau sur la physiopathologie auto-réactive. La stratégie thérapeutique du nanovaccin pourrait alors s’appliquer à d’autres atteintes auto-immunes. « Si le paradigme du nanovaccin se révèle réel dans d’autres maladies chroniques auto-immunes, comme la sclérose en plaques, la polyarthrite rhumatoïde ou d’autres pathologies encore, les nanovaccins pourraient s’appliquer de manière générale dans l’auto-immunité », suggère le Pr Santamaria.

Réponse mémoire-like.

Une découverte première fondamentale a guidé leurs travaux. Les scientifiques ont en effet trouvé que l’organisme met en place son propre mécanisme de défense contre le diabète auto-immun. L’évolution de la maladie est ainsi ralentie par la conversion de cellules T CD8 auto-réactives de faible avidité en cellules mémoire-like autorégulantes. Malheureusement, la réponse de ces cellules T étant nettement moins agressive, ne parvient pas à contre-balancer celle de l’auto-immunité.

D’où l’idée de développer une nanotechnologie capable de les stimuler. C’est l’objectif de ce vaccin composé de nanoparticules (NP) particulières. Elles sont en effet recouvertes de peptides du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) spécifiques du diabète. Dans des essais précliniques in vivo, les chercheurs ont ainsi administré ces NP recouvertes de molécules du CMH monospécifiques du diabète à des souris diabétiques NOD. Ils ont pu observer que la réponse T d’autorégulation était amplifiée et le recrutement des autres cellules T stoppé. Chez les rongeurs prédiabétiques, le développement de la maladie était même enrayé, tandis que l’équilibre glycémique était normalisé chez ceux déjà atteints. Les auteurs soulignent que le vaccin n’est actif que contre les cellules responsables de la maladie, ce qui implique qu’étant dénué d’effets non-spécifiques sur le système immunitaire, il serait sans conséquence chez des individus sains.

Cell Immunity, volume 32, issue 4, DOI:10.1016

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8747