LE MEDICAL BIRTH REGISTER (MBR) suédois a commencé à recueillir des données sur le tabagisme maternel en 1982. La génération (G1) des femmes enceintes en 1982 ou ultérieurement a eu des filles aujourd’hui en âge de procréer (ces filles ayant, en 2010, de 13 à 28 ans). Il devenait alors possible d’étudier les conséquences du tabagisme maternel sur la santé des femmes de la deuxième génération (G2): 80 189 grossesses ont été incluses dans l’étude scandinave.
Dose-réponse.
Trois catégories étaient distinguées : absence d’exposition au tabac ; exposition faible (1 à 9 cigarettes/j); exposition forte (plus de 9 cigarettes/j). Les auteurs ont analysé la relation entre la consommation de cigarettes par les femmes G1 pendant la grossesse et l’observation, chez les femmes G2, d’un diabète gestationnel (n=291), d’un diabète non gestationnel (n=280) et d’une obésité (n=7 300).
Le diabète gestationnel (GDM)* est observé plus fréquemment chez les femmes dont la mère fumait pendant la grossesse. Le risque (aOR), après prise en compte d’une série de facteurs confondants (âge, parité, indice de masse corporelle, mode d’accouchement, âge gestationnel et poids de naissance), est de 1,62 (1,24-2,13) pour une consommation tabagique «faible», et de 1,52 (1,12-2,06) pour une consommation «forte».
Le risque d’obésité est augmenté dans des proportions comparables: 1,36 (1,28-1,44) et 1,58 (1,48-1,68), respectivement. Il existe donc en outre, ici, une relation «dose-réponse», puisque le risque d’obésité chez les filles s’élève avec le nombre de cigarettes fumées par les mères pendant la grossesse.
Les données recueillies concernant le diabète non gestationnel ne sont pas statistiquement significatives pour le groupe «tabagisme modéré».
Par contre, on ne peut manquer d’être frappé par la réduction du risque (aOR: 0,66; 0,45-0,96) chez les femmes de mères grosses fumeuses, une association qui se confirme après ajustement sur plusieurs facteurs confondants. Les auteurs estiment cette observation en accord avec d’autres données sur les facteurs influençant la prévalence du diabète de type 1 (soit la forme majoritaire observée dans la cohorte de femmes avec un diabète non gestationnel).
Une seule enquête norvégienne, avant celle de K. Mattsson, avait trouvé une relation entre tabagisme pendant la grossesse et risque de GDM dans la deuxième génération de femmes. La nouvelle étude scandinave, plus fiable que la précédente (fort taux de participation), plus rigoureuse (les femmes interrogées, par exemple, ne connaissaient pas les objectifs de l’étude), non seulement confirme l’élévation du risque de GDM, mais l’étend au risque d’obésité. Les auteurs ajoutent que le risque de GDM et d’obésité dans cette cohorte (jeune) est probablement sous estimé par rapport à ce qu’on observerait dans une étude avec des participantes plus âgées.
K. Mattsson et coll. Maternal smoking during pregnancy and daughters’ risk of gestational diabetes and obesity. Diabetologia (2013). Publié en ligne.
* une intolérance au glucose apparue au cours de la grossesse chez une femme sans diabète sucré connu antérieurement
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