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Le liraglutide réduit l'IMC des jeunes obèses

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Publié le 10/04/2020
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Selon une étude parue dans le « New England Journal of Medicine », l'antidiabétique liraglutide est efficace dans la gestion du poids d'adolescents obsèses, avec un profil de tolérance similaire à celui observé chez l'adulte.
En complément de conseils nutritionnels et de la pratique régulière d'une activité physique

En complément de conseils nutritionnels et de la pratique régulière d'une activité physique
Crédit photo : Phanie

Après avoir démontré son efficacité chez l'adulte (1), le liraglutide, un antidiabétique de type agoniste du récepteur GLP-1, se révèle également bénéfique en termes de perte de poids chez les adolescents. Selon une étude randomisée internationale de phase III présentée dans le cadre du congrès ENDO 2020 et parue dans le « New England Journal of Medicine » (2), le liraglutide a permis de réduire significativement l'indice de masse corporelle (IMC) d'adolescents obèses.

« Chez les patients pédiatriques, le traitement de première intention de l'obésité est généralement une thérapie basée sur le mode de vie, mais elle n'apporte pas toujours de réponses satisfaisantes », indiquent les auteurs.

Réduction de l'IMC d'au moins 10 % pour 1/4 des patients

Les 251 participants, inclus entre septembre 2016 et août 2019, provenaient de 32 centres de cinq pays (Belgique, Mexique, Russie, Suède et États-Unis). Ils avaient entre 12 et 18 ans (âge moyen de 14,5 ans) et un IMC moyen de 35,6.

En complément de conseils nutritionnels et de la pratique régulière d'une activité physique, 126 d'entre eux ont reçu quotidiennement une injection sous-cutanée de liraglutide 3 mg pendant 56 semaines, et les 125 autres un placebo. La période de traitement a été précédée d'une phase de « rodage » de 12 semaines basée uniquement sur la thérapie comportementale, et a été suivie d'une phase post-traitement de 26 semaines.

Une réduction de l'IMC d'au moins 5 % a été observée chez 43,3 % des participants du groupe liraglutide contre 18,7 % des participants du groupe placebo, et une réduction de l'IMC d'au moins 10 % a été rapportée respectivement dans 26,1 et 8,1 % des cas.

« Les résultats de cet essai démontrent que 56 semaines de liraglutide à 3 mg réduisent l'IMC de manière cliniquement significative par rapport au placebo », indique au « Quotidien » Aaron Kelly, premier auteur de l'étude. De plus, les bénéfices du liraglutide se poursuivent au-delà du traitement.

Résultats soumis à la FDA et à l'EMA

Une amélioration en termes de tour de taille a également été observée. Le liraglutide n'a par ailleurs pas eu d'effet sur la pression artérielle, la lipidémie à jeun, la glycémie à jeun ou l'HbA1c. Un questionnaire sur la santé mentale n'a montré aucune différence non plus entre les deux groupes.

« Le profil d'innocuité est conforme à ce qui a été démontré dans les essais sur le liraglutide chez l'adulte », précise Aaron Kelly. À noter que davantage d'événements indésirables gastro-intestinaux ont été rapportés dans le groupe liraglutide (64,8 contre 36,5 %).

« Les résultats ont été soumis à la Food and Drug Administration (FDA) et à l'Agence européenne des médicaments (EMA) dans le cadre d'un engagement post-commercialisation pour le liraglutide 3 mg », avance Aaron Kelly.

Chez l'adulte, le liraglutide 3 mg a été approuvé par la FDA et l'EMA dans la gestion du poids chez les adultes obèses ou en surpoids présentant au moins une des complications liées au poids (diabète, pression artérielle élevée, apnée obstructive du sommeil…), en complément d'un régime alimentaire et d'une activité physique adaptés.

(1) X. Pi-Sunyer et al., N Engl J Med, DOI: 10.1056/NEJMoa1411892, 2015.
(2) A. Kelly et al., N Engl J Med, DOI: 10.1056/NEJMoa1916038, 2020.

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin