Obésité

L'endosleeve confirme son efficacité sur la perte de poids

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Publié le 27/01/2023
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Alors que le dispositif de sleeve gastroplastie endoscopique (endosleeve) de la société Apollo Endosurgery vient d'obtenir le marquage CE, une récente étude américaine confirme l'intérêt majeur de cette approche dans la prise en charge de l'obésité.
Depuis l’arrivée de l’endosleeve en France en 2018, 700 opérations sont pratiquées chaque année

Depuis l’arrivée de l’endosleeve en France en 2018, 700 opérations sont pratiquées chaque année
Crédit photo : Burger/Phanie

Apparue en 2011, la sleeve gastroplastie endoscopique (ESG pour Endoscopic Sleeve Gastroplasty), communément appelée endosleeve, est arrivée en France en 2018, où 700 procédures sont pratiquées chaque année. Alors que de nombreuses études prospectives ont montré l'effet de l'endosleeve sur la perte de poids, l'essai randomisé, contrôlé et multicentrique Merit*, paru dans « The Lancet », confirme son intérêt et son innocuité. Le dispositif évalué, appelé Apollo ESG (société Apollo Endosurgery), a obtenu une autorisation de mise sur le marché de la Food and Drug Administration (FDA) en juillet 2022, ainsi que le marquage CE au niveau européen en décembre.

À la différence de la sleeve gastrectomie où le chirurgien sectionne une partie de l'estomac par cœlioscopie avant de la retirer, l'endosleeve, moins invasive, consiste à réduire la taille de l'estomac au même endroit, mais par fibroscopie avec le système OverStitch qui permet de faire des sutures de l'intérieur de l'estomac. « Avec cette technique non chirurgicale, on ne retire pas l'estomac, donc les liquides peuvent passer dans la poche résiduelle, mais les solides sont ralentis, explique au « Quotidien » la Dr Vianna Costil, gastroentérologue et membre du conseil d'administration de la Société française d'endoscopie digestive (SFED). Les patients perdent ainsi du poids car ils mangent en moindre quantité. »

Avec cette technique, les sutures utilisées ne sont pas résorbables mais l’estomac se redilate au bout de deux ans en moyenne. D'où l'importance du suivi, insiste la Dr Costil. « Comme pour la chirurgie bariatrique, l'endosleeve doit servir de "starter" pour entreprendre une perte de poids, mais c'est son association avec la prise en charge comportementale, nutritionnelle et psychologique et l'activité physique qui permet de maintenir la perte de poids », souligne-t-elle.

Amélioration de la qualité de vie et des comportements alimentaires

Selon la gastroentérologue, l'étude Merit est la première à comparer des patients qui ont bénéficié de ce procédé à des patients qui ne l'ont pas eu. Alors que l'endosleeve n'est pas remboursée en France, « ce type d'étude est essentielle pour que la Haute Autorité de santé (HAS) se prononce, indique-t-elle. Et le fait que la FDA reconnaisse l'efficacité de ce procédé est aussi très important, c'est un acquis énorme pour le procédé et sa diffusion. »

L'étude Merit a inclus 152 patients âgés de 21 à 65 ans entre le 20 décembre 2017 et le 14 juin 2019, provenant de neuf centres américains et présentant un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 30 et 40 kg/m². Ils ont été randomisés en deux groupes, l'un bénéficiant de l'endosleeve en complément de mesures hygiénodiététiques (régime hypocalorique et activité physique), le second uniquement de ces mesures (avec possibilité de cross over vers l'ESG à 52 semaines). Les patients ont été suivis pendant 104 semaines.

« L'étude confirme que la perte de poids est très significativement plus élevée chez les patients du groupe ESG par rapport aux personnes n’ayant eu qu’une prise en charge comportementale », résume la Dr Costil, précisant que cette technique est sûre, avec très peu de complications associées. « Et lorsque des patients du groupe contrôle bénéficient de la procédure après 52 semaines, ils perdent le même pourcentage de poids et le maintiennent jusqu’à la fin de l’étude à 104 jours », poursuit-elle.

À 52 semaines, une perte d'excès de poids corporel de 49,2 % a été observée chez les patients du groupe ESG contre 3,2 % dans le groupe contrôle. Le pourcentage moyen de perte totale de poids corporel était de 13,6 % pour les patients du groupe ESG et de 0,8 % pour le groupe témoin. Et 68 % des individus du groupe ESG ont maintenu une perte d'excès de poids corporel d'au moins 25 % à 104 semaines. Au-delà de la perte de poids, l'ESG est associée à une amélioration de la qualité de vie, des comportements alimentaires et de la dépression.

Un évènement indésirable sérieux est survenu dans 2 % des cas du groupe ESG mais aucun patient n'a requis une prise en charge en soins intensifs ou une intervention chirurgicale.

Un intérêt croissant pour cette technique

Ces nouveaux résultats confortent ainsi la place de l'endosleeve dans la prise en charge de l'obésité, alors que de plus en plus de patients se tournent vers cette technique. « Au départ, nous réservions l'endosleeve à des patients ayant un IMC compris entre 30 et 40. Aujourd'hui, ce n'est plus tout à fait le cas, nous la pratiquons aussi chez des patients avec un IMC supérieur ou égal à 40 qui ne veulent pas se faire opérer initialement », note la Dr Costil, qui souligne l'intérêt grandissant pour cette technique dans la profession. « Les praticiens impliqués dans la prise en charge de maladies métaboliques liées à l’obésité voient que l'on peut améliorer et prévenir les complications liées à l'obésité comme le diabète, l'hypertension, le cholestérol ou l'apnée du sommeil grâce à cette technique », ajoute-t-elle.

L'autorisation de mise sur le marché octroyée par la FDA en juillet concernait aussi le dispositif Apollo Revise d'Apollo Endosurgery, une autre procédure endoscopique - appelée Tore (pour Transoral Outlet Reduction) - qui permet d’aider les patients ayant bénéficié d’un bypass gastrique et qui ont repris du poids. Des études ont en effet montré qu'après dix ans, les patients qui ont subi un bypass gastrique ont repris en moyenne 20 à 30 % du poids qu'ils avaient initialement perdu, rapporte Apollo Endosurgery dans un communiqué.

« La prise en charge de l'obésité tend à ressembler à celle des cancers, avec différentes approches que l'on peut combiner : les médicaments, l'endoscopie et la chirurgie », estime la Dr Costil.

*Merit pour Multi-center ESG Randomized Interventional Trial

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin