Lecteurs glycémiques et logiciels de soins

Les atouts de la télémédecine

Publié le 24/11/2011
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Crédit photo : S TOUBON

CES DERNIERS MOIS, les firmes productrices de lecteurs glycémiques ont proposé des innovations intéressantes, permettant aux diabétiques de type 1 de simplifier la gestion de leur maladie.

La première est apportée par le lecteur iBGStar de Sanofi. Ce lecteur, qui se branche sur l’iphone du patient, permet d’enregistrer directement toutes les données dans un vrai carnet électronique. Le patient n’a plus à retranscrire ses glycémies, et peut avoir accès à ses données sur l’écran de l’iphone, qui est plus adapté à une lecture synthétique que les petits écrans des lecteurs classiques, et les transmettre à son médecin.

Le lecteur Freestyle Papillon InsuLinx commercialisé par Abbott intègre, quant à lui, un calculateur de bolus. Ce type de calculateur, présent depuis des années sur les pompes à insuline, est pour la première fois intégré à un lecteur glycémique. Moyennant un réglage préalable effectué par le médecin grâce à un code d’accès, il enregistre les paramètres personnels du patient définis par le médecin : sensibilité à l’insuline et carbohydrate ratio. Puis il calcule le bolus d’insuline ultrarapide que le patient doit s’injecter, en fonction de sa glycémie préprandiale et du nombre de portions glucidiques ingérées.

Triple fonctionnalité de diabeo.

Cependant, il existe des limites à ce système. Le calculateur de bolus n’est pas capable de s’adapter en fonction des résultats obtenus, de corriger des erreurs de réglages ou d’ajuster les doses, ni de transmettre automatiquement l’ensemble des résultats au médecin. Le logiciel de télémédecine diabeo permet de combiner ces différentes innovations dans un système intelligent, conçus pour les smartphones.

À partir d’une prescription médicale électronique définissant les paramètres de l’insulinothérapie fonctionnelle, de la glycémie du patient (éventuellement enregistrée directement par l’iBGStar), des portions glucidiques et de l’activité physique, le logiciel fait une proposition de doses pour les bolus d’insuline ultrarapide, mais également pour l’insuline basale. Lorsque les glycémies matinales ou postprandiales sont déséquilibrées pendant plusieurs jours, le logiciel est capable d’améliorer son paramétrage et de modifier ses propositions de doses. Toutes les données recueillies (glycémies, traitement, alimentation…) sont envoyées directement sur l’ordinateur des soignants via un site web sécurisé, pour un contrôle visuel en temps réel. De plus, la deuxième version de diabeo a été développée avec un logiciel d’analyse automatique des données permettant d’envoyer un message d’alerte au soignant en cas de problème.

Dans un souci constant de libérer plus de temps de soins pour les diabétologues, il a été proposé de pouvoir former des infirmiers diabétologiques pour la télémédecine, dans le cadre d’une délégation de taches. Ces infirmiers suivent les patients équipés de diabeo en relais du médecin, grâce à un programme informatisé d’éducation thérapeutique personnalisé.

Étude multicentrique TELESAGE.

Dans une première étude publiée dans Diabetes Care, TELEDIAB1, menée sur 180 patients pendant six mois, diabeo avait permis de faire baisser l’hémoglobine glyquée de près de 1 %. La HAS s’est montrée intéressée par ce logiciel de soins, mais a demandé confirmation de ces résultats dans une deuxième étude à plus grande échelle. L’étude TELESAGE débutera fin mars 2012, et devrait recruter 750 patients dans une centaine de centres en France. Elle pourrait aboutir à une accréditation de diabeo par la HAS et à une demande de remboursement.

Les diabétiques de type 2, mis sous insuline après échec du traitement oral, pourraient également être concernés par ce logiciel, et sont recrutés dans l’étude TELEDIAB2. Le logiciel a pour fonction, dans ce contexte, d’équilibrer l’insulinothérapie, mais aussi de réaliser un coaching personnalisé aidant le patient à gérer son alimentation et son activité physique, en fonction de ses glycémies postprandiales. Cent quarante-sept patients sont déjà inclus, et l’on devrait parvenir à 180 d’ici la fin de l’année.

D’après un entretien avec le Dr Guillaume Charpentier, chef de service de diabéto-endocrinologie au centre hospitalier Sud-Francilien, Corbeil-Essonnes.

 Dr CAMILLE CORTINOVIS

Source : Bilan spécialistes