Des études encore hétérogènes

Les boucles fermées pour le sport

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Publié le 17/03/2020
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La gestion insulinique lors de l’activité physique est souvent compliquée pour les diabétiques de type 1, car de nombreux paramètres sont à prendre en compte. Des systèmes de gestion automatique de délivrance d’insuline seraient une aide précieuse.
Moins d'hypoglycémie et de resucrage au ski

Moins d'hypoglycémie et de resucrage au ski
Crédit photo : PHANIE

Aujourd’hui, la grande majorité des patients diabétiques de type 1 sont équipés de système de mesure en continu du glucose, ce qui facilite la pratique de l’exercice physique. « Néanmoins, le patient a toujours besoin d’anticiper pour pouvoir réduire en amont la dose d’insuline. Il doit diminuer le bolus d’insuline si l’activité physique est réalisée dans les trois heures qui suivent, sinon il doit compenser par une prise de glucides pour prévenir l’hypoglycémie », rappelle la Dr Sophie Borot (CHU de Besançon).

Anticiper en fonction de nombreux paramètres

Une autre difficulté à gérer est le fait que la glycémie évolue différemment suivant le type d’activité physique. « Lors d’une activité d’endurance, la glycémie diminue, alors que si l’activité est explosive, elle augmente. Il existe aussi des activités sportives qui alternent les deux (basket, football, judo…) », précise la Dr Borot. Le patient doit anticiper aussi bien pendant la préparation, que pendant et après l’activité, un moment caractérisé par une hyperglycémie post-activité immédiate puis une tendance à l’hypoglycémie dans un deuxième temps, 7 à 8 heures après.

Le sportif porteur d’un diabète de type 1 doit ainsi adapter la dose d’insuline aux différentes phases de son entraînement. Un coureur de marathon, par exemple, a un entraînement en endurance pendant deux à trois semaines, mais il a aussi des séances en fractionné où la glycémie chute moins que pendant l’entraînement de longue distance. Il peut suivre également des séances de musculation. « Il faut donc anticiper la variabilité de la glycémie en fonction de très nombreux paramètres : le type d’activité physique, son intensité, sa durée, la température extérieure… », souligne la Dr Borot.

L’intelligence artificielle pour adapter la cible

Depuis environ deux ans, sont apparus des systèmes de gestion automatique de délivrance d’insuline en boucle fermée utilisant l’intelligence artificielle (lire p XX). Ils s’adressent aux patients porteurs d’un diabète de type 1 qui seront équipés d’une pompe à insuline, couplée à un capteur de glucose en continu et une intelligence artificielle, qui pilote la pompe pour infuser l’insuline en fonction des données glycémiques. « À l’heure actuelle, les systèmes en boucle fermée sont hybrides. Toutes les cinq minutes, la valeur du glucose interstitiel du patient est déterminée et transmise à l’algorithme qui calcule la dose idéale d’insuline à administrer. Mais les patients doivent saisir certaines informations dans le système en annonçant la prise d’un repas ou une activité physique », explique la Dr Borot. L’idéal est d’annoncer l’activité physique au minimum une heure avant, pour permettre à l'algorithme d’augmenter la cible glycémique (entre 1,50 et 1,80 suivant les modèles) et de réduire l’insuline en début d’activité.

Certains systèmes donnent le choix dans le type d’exercice et son intensité (2-3 niveaux). D’autres proposent une adaptation glycémique en fonction du type aérobie (à tendance hypoglycémiante) de l’exercice ou au contraire anaérobie à tendance hyperglycémiante.

« Les systèmes en développement aujourd’hui ont intégré une expérimentation pendant une activité physique, mais de façon très hétérogène en ce qui concerne la population étudiée, le comparateur, le type, l’intensité, la durée de l’activité… Et la plupart des études ont été de courte durée. La plus longue, en vraie vie, est celle de Marc Breton (1) chez des adolescents pratiquant du ski de façon intensive », ajoute la Dr Sophie Borot. Trente-deux adolescents (10-16 ans) porteurs d’un diabète de type 1 pratiquant cinq heures de ski par jour pendant cinq jours ont été randomisés en deux groupes : boucle ouverte versus boucle fermée. Les résultats ont montré que le pourcentage de temps dans la cible était plus élevé avec le système en boucle fermée (71,3 % versus 64,7 %), avec un effet maximum tard dans la nuit. Il y avait également moins d’hypoglycémies dans ce groupe et moins de prise de glucides.

Aucun de ces systèmes en boucle fermée n’est actuellement commercialisé en France, alors qu’ils le sont déjà aux États-Unis et dans d’autres pays européens. Ils sont en attente de remboursement et devraient l’être prochainement.

exergue : Population, comparateur, type, intensité, durée : l'activité physique a été étudiée de façon très hétérogène selon les études

(1) Breton Marc D et al. Diabetes care 2017;40:1644-50

Dr Christine Fallet

Source : lequotidiendumedecin.fr