Les dix ans de la FFRD

C’est en 2013 qu’a été créée la Fondation francophone pour la recherche sur le diabète (FFRD), à l’initiative de la Société Francophone du Diabète (SFD) avec le soutien de la Fédération Française des Diabétiques (FFD). « Le président de la SFD de l’époque, le Pr Michel Marre, a joué un rôle actif dans la création de la FFRD », explique le Pr André Scheen (CHU de Liège), actuel président de son conseil scientifique.

Dès le départ, la Fondation s’est donné pour objectif de promouvoir et soutenir la recherche sur le diabète et les maladies métaboliques notamment par le biais de collaborations publiques et privées. « Le but était de mener des projets de recherche visant à mieux comprendre l’épidémiologie et la physiopathologie du diabète et de ses complications, d’évaluer l’apport du traitement, de développer la recherche fondamentale sur la maladie pour aboutir à une meilleure prise en charge des patients diabétiques », souligne le Pr Scheen.

Les bourses allouées par la FFRD, de 300 000 € répartis sur trois ans, sont nettement plus conséquentes que celles délivrées par la SFD, qui atteignent au maximum 50 000 € sur trois ans.

Boucles fermées et pharmacologie

Pour 2022, la FFRD a soutenu deux projets. Le premier est porté par l’équipe de Jacques Beltrand (Hôpital Necker, Paris) qui va mettre en place une étude randomisée visant à comparer les effets d’une insulinothérapie en boucle ouverte et fermée sur les fonctions cognitives de l’enfant présentant un diabète de type 1 débutant (lire aussi p. 30). Le deuxième projet est celui de l’équipe de Soazig Le Lay (Inserm, Institut du Thorax, Nantes). L’objectif est de tester une approche pharmacologique innovante, fondée sur les vésicules extracellulaires, pour délivrer des formes métaboliquement actives de l’adiponectine — une adipokine qui permet d’améliorer la sensibilité à l’insuline et participe à l’amélioration du contrôle glycémique.

« Il est toujours très difficile de faire un choix parmi les nombreux projets qui nous sont soumis. Chaque année, nous recevons 20 à 25 demandes qui font l’objet d’une sélection très stricte par des experts nationaux et internationaux », indique le Pr Scheen. Depuis 2013, la FFRD a reçu 318 candidatures et a sollicité 123 experts internationaux pour examiner les projets. Au total, 69 candidats ont été auditionnés. Sur dix ans, 26 lauréats et lauréates francophones ont été récompensés, dont 11 provinciaux, 10 parisiens, 2 Belges, 1 Suisse, 1 Canadien et 1 Camerounais.

La Fondation a financé 12 projets de recherche fondamentale et 14 projets de recherche clinique, en allouant 7,1 millions d’euros au total. Les projets de recherche fondamentale ont abordé les grandes thématiques relatives aux diabètes : la protection et le remplacement de la cellule bêta pancréatique, les mécanismes moléculaires contribuant à l’insulinorésistance, les implications d’autres organes clés : le foie, le tissu adipeux, l’intestin et la contribution du microbiote aux maladies métaboliques.

Les projets de recherche clinique, sur le diabète gestationnel [lire aussi p. 18], ou le diabète de la mucoviscidose par exemple [lire aussi p. 12], sont soit de grandes études cliniques multicentriques de cohorte, soit des études davantage mécanistiques et/ou interventionnelles. « Les grandes études de cohorte sont souvent longues à mettre en place, notamment en raison des fortes contraintes administratives existant en France », souligne le Pr Scheen.

La cohorte SFDT1 (suivi en France de patients avec un diabète de type 1 ) est soutenue par la FFRD. « L’objectif est de mieux comprendre quels sont les déterminants des complications cardiovasculaires dans cette population », précise le Pr Scheen. Elle devra inclure 15 000 patients, adultes et enfants âgés de plus de 6 ans dans l’ensemble de la France métropolitaine et des DOM-TOM. Les inclusions ont débuté en juin 2020. Actuellement, 1 600 patients ont été inclus par les 45 centres ouverts.

Entretien avec le Pr André Scheen (CHU de Liège), le président du conseil scientifique de la FFRD