Les iSGLT2 très insuffisamment prescrits pour le rein diabétique

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Publié le 06/10/2022

Alors que leurs bénéfices sont démontrés chez les diabétiques de type 2 avec maladie rénale et qu’ils sont recommandés dans cette situation, les iSGLT2 peinent à trouver une place chez les prescripteurs britanniques.

Crédit photo : phanie

Une étude britannique de registre s’est fixée pour objectif d’évaluer les grandes tendances de choix de médicaments antidiabétiques lors de leur initiation, chez les patients atteints de diabète type 2 (DT2), selon qu’ils sont, ou non, atteints de maladie rénale chronique (IRC).

Il s’agit d’une cohorte rétrospective utilisant le UK clinical practice research datalink (de 2006 à 2020), qui a suivi les schémas d’initiation des antidiabétiques, de première et de deuxième intention (après la metformine) chez les patients avec DT2 atteints d’IRC (n = 38 622) ou non (n = 230 963) (1).

Résultats, par rapport aux autres thérapies hypoglycémiantes, les initiations de la metformine ont diminué dans l’ensemble, même si cette molécule reste le traitement de choix pour les patients, qu’ils aient une IRC ou non.

L’utilisation des SGLT2i a augmenté modestement chez les patients atteints d’IRC, alors que cette augmentation était plus prononcée chez les patients sans IRC. En 2020, les patients sans IRC, par rapport aux patients atteints, étaient trois (28,5 vs. 9,4 %) et six (46,3 vs. 7,9 %) fois plus susceptibles d’initier un SGLT2i, respectivement au global et en 2e intention.

L’utilisation des arGLP était minime, quel que soit le statut de l’IRC (< 5 %), tandis que celle d’iDPP4 et de sulfonylurées restait élevée chez les patients atteints d’IRC. Par exemple, en 2020, et parmi les patients atteints d’IRC, DPP4i et sulfonylurées constituaient respectivement 28,3 et 20,6 % de toutes les initiations, et 57,4 et 30,3 % des initiations de 2e intention.

L’utilisation des SGLT2i a donc augmenté chez les patients atteints de DT2, mais cette augmentation est largement celle constatée chez des patients sans IRC.

Identifier les obstacles

On voit que les recommandations appuyées sur des études très puissantes montrant les bénéfices des iSGLT2 en cas de maladie rénale du DT2 n’ont pas ou presque pas influencé les médecins prescripteurs (médecins généralistes surtout) en Grande-Bretagne. Des formations s’imposent, et des études sont nécessaires pour identifier les obstacles associés à l’adoption de thérapies présentant pourtant des avantages cardiorénaux puissants, et prouvés, par exemple pour les chez les patients atteints d’IRC et/ou de MRC (IRC et/ou albuminurie pathologique).

 

Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes

(1) Liaw J, Harhay M, Setoguchi S, Gerhard T, Dave CV. Trends in prescribing preferences for antidiabetic medications among patients with type 2 diabetes in the U.K. With and Without Chronic Kidney Disease, 2006-2020. Diabetes Care. 2022 Oct 1;45(10):2316-2325. doi : 10.2337/dc22-0224

 

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr