Prédire diabète et risque cardio-vasculaire

L’HbA1c chez le non-diabétique

Publié le 09/03/2010
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LA PLACE de l’hémoglobine glyquée (HbA1c) pourrait être bientôt revue et corrigée. Des épidémiologistes de Baltimore, à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, viennent de montrer que le marqueur serait non seulement aussi performant que la glycémie à jeun pour prédire le risque de diabète, mais le serait davantage pour présager du risque cardio-vasculaire. L’équipe dirigée par le Pr Elizabeth Selvin propose ainsi que le diabète soit désormais diagnostiqué par le dosage de l’HbA1c. Ces résultats ont été obtenus sur une étude chez plus de 11 000 sujets caucasiens et Noirs de la cohorte Atherosclerosis Risk in Communities (ARIC) au terme d’un suivi de 14 ans en moyenne.

Pour chaque fourchette croissante d’HbA1c, c’est-à-dire moins de 5,0 %, 5,0 à <5,5 %, 5,5 à <6,0 %, 6,0 à <6,5 % et ≥ 6,5 %, le risque relatif de développer un diabète augmentait, avec respectivement les valeurs de 0,52 (0,40 à 0,69), 1,00 (référence), 1,86 (1,67 à 2,08), 4,48 (3,92 à 5,13) et 16,47 (14,22 à 19,08). En d’autres termes, ces résultats correspondent à une incidence cumulée de diabète de 6 %, 12 %, 21 %, 44 % et 79 %, respectivement pour chaque tranche d’HbA1c. Pour l’insuffisance coronarienne, le risque relatif était de la même façon de 0,96 (0,74 à 1,24), 1,00 (référence), 1,23 (1,07 à 1,41), 1,78 (1,18 à 2,15) et 1,95 (1,53 à 2,48). Les estimations obtenues étaient similaires pour les accidents vasculaires cérébraux (AVC).

HbA1c plus élevée chez les afro-américains.

Pour ce travail, l’évaluation initiale, qui était la deuxième visite dans le cadre de la cohorte ARIC, a eu lieu entre 1990 et 1992. Pendant les 6 premières années de suivi, 620 individus ont déclaré un diabète, plus de 2 250 à 15 ans. Près de 1 200 coronaropathies sont survenues, ainsi que 358 ’AVC ischémiques, 1 447 sujets sont décédés. À l’inclusion, les taux d’HbA1c et de glycémies à jeun étaient hautement corrélés. Comme constaté dans des études antérieures dans une population non diabétique, les sujets afro-américains présentaient des taux d’HbA1c (5,8 %) significativement plus élevés que les sujets caucasiens (5,4 %).

Comme l’HbA1c reflète l’équilibre glycémique des 2 à 3 mois précédents et que la variabilité intra-individuelle est faible chez les non diabétiques, ce paramètre serait ainsi supérieur à la glycémie à jeun pour évaluer le risque vasculaire à long terme. Dans leur conclusion, les chercheurs de la Johns Hopkins University plaident ainsi en faveur de l’utilisation de l’HbA1c pour dépister le diabète.

N Engl J Med, 362; 9, 4 mars 2010.

Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8725