LA MISSION D’INFORMATION parlementaire de l’Assemblée nationale sur le Mediator a entendu mercredi dernier le président des laboratoires Servier, Jacques Servier, puis jeudi matin le président du LEEM (Les Entreprises du Médicament) Christian Lajoux.
Entendu à sa demande à huis clos, Jacques Servier, qui était entouré, selon le député PS Jean-Louis Touraine, « d’une dizaine de responsables de son laboratoire », a regretté que le rapport de l’IGAS ait été « élaboré sans qu’aucun des représentants des laboratoires Servier n’ait été entendu ». Pour Jacques Servier, le benfluorex « a un profil d’activité pharmacologique différent de celui de l’amphétamine », et « n’est pas une spécialité anorexigène aux doses thérapeutiques ». Selon lui, « la DCI d’un produit reflète une structure chimique et ne correspond pas nécessairement à son activité ou à ses effets ». Jacques Servier assure que « le benfluorex n’a jamais reçu l’indication d’anorexigène, ce qui n’a jamais été demandé et ce qui n’avait pas lieu d’être ».
Le président des laboratoires Servier est ensuite revenu sur les risques de valvulopathies, estimant que « le signal est resté faible en pharmacovigilance jusqu’en 2009, après 35 ans de commercialisation », ceci malgré « la surveillance permanente » dont il faisait l’objet. Jacques Servier estime que c’est « l’étude Regulate, mise en place par les laboratoires Servier [et dont les résultats ont été communiqués en 2009], qui a largement contribué à mettre en évidence l’existence d’un sur-risque d’anomalies valvulaires ».
Une « déflagration ».
Entendu le lendemain par les députés, Christian Lajoux a insisté sur le fait que l’industrie pharmaceutique s’inscrivait dans « une logique de progrès thérapeutique ». Le patron du LEEM a regretté en conséquence que l’affaire Mediator ait « ébranlé la confiance des Français dans le médicament en jetant le doute sur le système » (voir encadré). « C’est une déflagration qui remet en cause des années d’effort en matière de transparence », a-t-il ajouté. Le président du LEEM a néanmoins rappelé que « dans tout le cycle de vie du médicament, l’industrie pharmaceutique est sous le contrôle des autorités de santé, ce qui ne l’exonère pas de ses responsabilités ». À ce sujet, Christian Lajoux a souhaité « une définition plus précise des rôles entre les différentes commissions qui siègent dans les agences. Ces rôles et missions sont brouillés, notamment entre la commission d’AMM et la commission de la transparence ».
Enfin, interrogé sur sa perception du rapport de l’IGAS consacré au Mediator, Christian Lajoux a reconnu qu’il était « très documenté, très descriptif, avec des documents incontestables ». « Servier, a-t-il conclu, c’est une entreprise, le LEEM en représente environ 270. Personne ne se reconnaît dans ces pratiques, on s’étonne même que ça ait pu avoir lieu. Mais le rapport n’est pas tendre non plus sur certaines autorités de santé, je suis sûr qu’au sein des agences, personne non plus ne s’y reconnaît. »
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