Selon une méta-analyse de 2022, la prévalence de la Mafld (Metabolic associated fatty liver disease) est de 38,7 % en population, et elle touche même plus de la moitié des personnes vivant avec un diabète de type 2 (DT2). C’est la maladie hépatique la plus fréquente et elle est en passe de devenir la première cause de greffe hépatique ! Au point que les diabétologues ne peuvent plus faire l’impasse de s’intéresser au foie chez leurs patients. Faciliter le diagnostic pour améliorer sa prise en charge était donc devenu une nécessité. C’est justement l’objectif de cette nouvelle classification sous la dénomination de Mafld.
LE QUOTIDIEN : Passer de la dénomination Nafld à Mafld, en pratique, ça change quoi ?
Pr Bruno Vergès : L’ancienne dénomination Nafld, pour Non alcoholic fatty liver disease, regroupait la stéatose simple et la stéatohépatite non alcoolique (Nash en cas d’inflammation), susceptible d’entraîner une fibrose ou une cirrhose avec, par ailleurs, un risque augmenté de carcinome hépatocellulaire. Elle traduisait la présence d’une stéatose, c’est-à-dire de plus de 5 % de graisse dans les hépatocytes en l’absence d’autres étiologies de maladies hépatiques (virales, auto-immunes, médicamenteuses, alcool). Il s’agissait donc d’un diagnostic d’exclusion.
Si la dénomination de Mafld, pour Metabolic associated fatty liver disease, a été choisie, c’est parce qu’elle comporte plusieurs avantages. Déjà, elle souligne la relation étroite entre la stéatose et les conditions métaboliques. Et c’est un diagnostic d’inclusion, donc plus rapide à faire que pour la Nafld. Cela augmente d’autant les chances d’un diagnostic plus précoce. L’autre avantage est de ne pas exclure des pathologies hépatiques concomitantes, que présentent un nombre important de patients : en effet, on peut avoir une stéatose hépatique d’origine métabolique, et médicamenteuse ou alcoolique par exemple !
Que regroupe la Mafld au final, et comment en faire le diagnostic ?
Elle regroupe la stéatose, l’inflammation (qui prend le nom de Mash au lieu de Nash), le risque de fibrose et de cirrhose. Pour porter un diagnostic de Mafld, on part de la stéatose diagnostiquée à l’échographie hépatique. Si elle est retrouvée chez une personne vivant avec un DT2, la classification en Mafld est automatiquement retenue. Si elle est retrouvée chez une personne en surpoids (IMC ≥ 25 chez les Caucasiens ou ≥ 23 chez les Asiatiques), la classification en Mafld est aussi retenue de façon automatique. Enfin, chez les 10-15 % des patients de poids normal chez qui on a découvert une stéatose, il faut deux critères métaboliques pour poser un diagnostic de Mafld, parmi les suivants : un tour de taille > 102 cm chez l’homme (> 88 cm chez la femme), une hypertension artérielle connue et traitée ou bien des chiffres tensionnels > 130/ 85 mmHg, des triglycérides ≥ 1,50 g/l (ou un traitement hypo-triglycéridémiant), un HDL bas (< 0,40 g/l chez l’homme ; < 0,50 chez la femme), un prédiabète, une insulinorésistance connue et/ou une CRP ultrasensible > 2 mg/l.
Ces critères correspondent davantage à la réalité du terrain et sont des examens couramment demandés.
Quelle est la différence entre Mafld et Masld ?
En 2023, la communauté médicale a totalement validé le Mafld, mais certains ont proposé de retenir un autre terme : le Masld pour Metabolic dysfunction associated steatotic liver disease. Son diagnostic repose sur la présence d’une stéatose hépatique et d’un facteur cardiométabolique, à savoir, une augmentation du périmètre abdominal, des triglycérides > 1,50 g/l, un HDL bas (< 0,40 g/l chez l’homme ; < 0,50 chez la femme), un diabète ou un prédiabète ou une hypertension artérielle. Sont donc inclus un peu moins de patients, raison pour laquelle le terme de Mafld a la préférence par la majorité des professionnels de santé.
Quelles stéatoses adresser à l’hépatologue ?
En cas de découverte d’une stéatose hépatique, il faut calculer le score Fib-4 (Fibrosis index) à partir de l’âge, du taux des transaminases (Asat, Alat) et des plaquettes. En cas de Fib-4 < 1,30, la stéatose s’accompagne d’un très faible risque de fibrose et des mesures hygiénodiététiques suffisent. En cas de Fib-4 > 2,67, le risque de fibrose est élevé. Entre les deux, le risque est jugé intermédiaire.
Il est donc conseillé de faire un Fibroscan (élastographie du foie) en cas de Fib-4 > 1,30 pour obtenir un score d’élasticité. Un score < 8 kPa est considéré comme un risque de fibrose faible et nécessite une simple surveillance. Entre 8 et 12 kPa, le risque de fibrose est intermédiaire et nécessite l’avis d’un hépatologue. En cas de score > 12 kPa, le risque est jugé élevé et nécessite une prise en charge spécifique par l’hépatologue.
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