Il y a 15 ans, les chercheurs américains du Diabetes Prevention Program Research Group réunis par l’Institut national américain du diabète, des maladies digestives et rénales (NIDDK) avaient lancé un programme de prévention sur 3 ans, le Diabetes Prevention Program (DPP), mené entre 1996 et 2001. Plus de 3 100 patients à haut risque de diabète de type 2 avaient alors été répartis en trois groupes : un groupe bénéficiant d’une intervention pour modifier leur mode de vie, un deuxième groupe recevant de la metformine et un troisième recevant un placebo. Au bout de 10 ans de suivi, les auteurs avaient constaté que, si les deux approches avaient significativement diminué l’incidence du diabète, la modification du mode de vie se révélait supérieure à l’approche médicamenteuse. Selon les résultats du suivi à 15 ans qui viennent d’être publiés dans « The Lancet Diabetes & Endocrinology », il semblerait que les deux stratégies convergent en termes d’efficacité.
27 % de risque de diabète en moins sur 15 ans
L’analyse porte sur un suivi de 2 776 membres de la cohorte, soit 88 % d’entre eux. Au cours de ces 15 années de suivi, l’intégralité des patients ont bénéficié d’un programme allégé visant la modification du comportement (deux séances par an). Les auteurs voulaient savoir quel était l’effet des différentes approches sur le risque de diabète et les pathologies microvasculaires (néphropathie, rétinopathie et neuropathie) associés à cette pathologie.
Au cours du suivi, et comparés à ceux du groupe placebo, les patients chez qui on avait tenté de modifier le style de vie avaient 27 % de risque de diabète en moins. Ceux recevant de la metformine voyaient quant à eux leur risque de diabète diminué de 18 %. L’incidence cumulée du diabète était de 55 % dans le groupe « mode de vie », 56 % dans le groupe metformine et 62 % dans le groupe placebo.
En revanche, il n’y avait pas de différence significative en ce qui concerne les risques de complications microvasculaires avec une prévalence de 12,4 % dans le groupe placebo, de 13 % dans le groupe sous metformine et de 11,3 % dans le groupe ayant modifié son mode de vie. Les auteurs constatent toutefois une amélioration significative chez les femmes ayant un programme visant à modifier leur mode de vie, puisque la prévalence des pathologies microvasculaires était de 8,7 % contre environ 11 % dans les deux autres groupes.
Cette étude « montre que la meilleure prévention du diabète réside dans un régime alimentaire équilibré et un exercice régulier, estime le Dr Anoop Misra du Center of Excellence for diabetes de New Delhi, en Inde, dans un éditorial accompagnant la publication, mais elle apporte aussi des résultats un peu préoccupants, puisque la réduction de la prévalence du diabète observée est moins importante au bout de 15 ans de suivi qu’au bout de 10 ans. Les interventions sur le mode de vie sont difficiles à maintenir sur d’aussi longues périodes », reconnaît-elle.
La metformine : une option valable
La diminution de la prévalence du diabète dans le groupe sous metformine est, pour sa part, restée constante tout au long du suivi. « Cela signifie que ce traitement peu onéreux est une option valable dans la prévention du diabète », précise le Dr Misra qui estime qu’il manque des informations sur les facteurs de risque (poids, facteurs génétiques, perte de graisse abdominale…) qui permettraient de prévoir l’efficacité d’une modification du mode de vie.
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points