Semaine de prévention du diabète : faire coup double pour le dépistage avec l'hypertension artérielle

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Publié le 14/09/2020

Crédit photo : PHANIE

Pour la semaine nationale de prévention du diabète, qui se tient du 11 au 18 septembre, la Fédération française des diabétiques (FFD) a choisi de mener des campagnes de dépistage du diabète et de l’hypertension artérielle. Des actions d’information (voir le site Web dédié) et de sensibilisation sur le diabète, les maladies cardiovasculaires et les facteurs de risques associés sont également menées partout en France métropolitaine par les bénévoles de ses 100 associations locales.

En France, le nombre de patients traités pour un diabète avoisine les 4 millions et on estime qu’entre 500 000 à 800 000 personnes ignorent qu’elles ont un diabète de type 2. Les malades traités pour hypertension sont, eux, plus de 11 millions et 3 à 4 millions d’individus ignorent souffrir d’HTA. Or, l’hypertension artérielle est un facteur de risque important d’apparition d’un diabète de type 2, lequel est encore trop souvent détecté tardivement puisqu’il peut s’écouler 5 à 10 ans entre l’apparition du diabète et son diagnostic.

Population à risque des 55-74 ans

« Parmi les patients hypertendus, ceux dits métaboliques sont particulièrement à risque », indique le Pr Xavier Girerd, cardiologue et président de la Fondation de recherche sur l’hypertension artérielle. Ces hypertendus se caractérisent une présence importante de graisse au niveau abdominal les rendant plus susceptibles de développer un syndrome métabolique. « Or, il a été démontré que l’usage combiné de certains hypertenseurs comme les bêtabloquants et les diurétiques chez ce type de patients augmentait la probabilité de voir apparaître un diabète de type 2 », ajoute le spécialiste.

Et si les maladies neuro-cardiovasculaires sont la 1re cause de handicap et de mortalité chez les diabétiques, le couple HTA/diabète est particulièrement explosif en termes de risques neuro-cardiovasculaires. Une sous-population est, par ailleurs, particulièrement touchée par ce recouvrement entre diabète et HTA : celle des 55-74 ans. « Il est donc capital de prendre en charge le plus tôt possible ces pathologies car les patients dépistés et traités à temps ont un pronostic qui va progressivement rejoindre celui des personnes qui ne sont pas atteintes de ces maladies », indique le Pr Jean-François Thébaud, cardiologue et vice-président de la FFD.

Un test en 8 questions

Un questionnaire de test de risque de diabète, Findrisc (disponible sur internet), sera notamment proposés aux patients qui se savent hypertendus. Ce test, recommandé par la Haute autorité de santé (HAS), comprend 8 questions et permet d’évaluer rapidement le risque de diabète de type 2. En cas de risque, la personne sera alors invitée à consulter son médecin traitant pour que lui soit prescrit un dosage de la glycémie, « le gold standard du diabète », souligne le Pr Thébaud. Un autre test, tout aussi rapide, sera également proposé : depistha (disponible sur internet). Il vise à déterminer si une personne est à risque d’hypertension et donc, à l’amener également à en parler à son médecin traitant si nécessaire.

Enjeux multiples

Et le Pr Thébaud de rappeler les nombreux enjeux liés à la prévention du diabète et de l’hypertension artérielle : « Des enjeux de santé publique car ces maladies sont responsables de beaucoup de complications et d’hospitalisation ; des enjeux sociaux car toutes les études montrent que plus les déterminants sociaux de santé sont bas plus les risques de diabète, d'obésité et d'hypertension sont importants ; des enjeux économiques car le diabète représente un coût direct de 8,5 milliards euros par an dont 7 pour la médecine ambulatoire ».

Des enjeux infectieux spécifiques, enfin, la crise de Covid-19 ayant mis en évidence la vulnérabilité particulière des patients diabétiques et hypertendus. « L’étude CORONADO, menée sur des patients diabétiques hospitalisés pour COVID-19 a permis de démontrer que le profil de ces patients était celui de personnes âgées de 70 ans en moyenne, présentant soit une obésité importante soit des atteintes micro ou macrovasculaires liées au diabète et pour qui l’association avec une hypertension était fréquente », conclut le cardiologue.


Source : lequotidiendumedecin.fr