De notre correspondante
ON SAIT que la présence d’un diabète multiplie par deux environ le risque d’une variété de maladies vasculaires, mais on ignore dans quelle mesure le diabète, ou l’hyperglycémie, est associée au risque de décès par cancer ou par d’autres affections non vasculaires. Afin de répondre à cette question, une vaste méta-analyse de 97 études prospectives a été menée par une équipe de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) en collaboration avec un consortium international de chercheurs (Emerging Risk Factors Collaboration).
Les investigateurs ont analysé les données recueillies par ces études sur 821 000 personnes environ, qui étaient âgées de 55 ans en moyenne (55 ± 9 ans) au début de l’étude prospective. Ces patients ne présentaient aucune maladie vasculaire identifiée à l’inclusion et 6 % d’entre eux étaient atteints d’un diabète (n = 40 116), probablement de type 2 pour une grande majorité.
Décès par causes spécifiques.
Durant les 12,3 millions de personnes-années à risque (temps moyen avant décès, 13 ans et demi), 123 205 décès sont survenus. Les chercheurs ont calculé les risques relatifs de décès par causes spécifiques (après ajustements pour l’âge, le sexe, tabagisme, IMC) en fonction de la présence ou non de diabète à l’entrée dans l’étude, ou de la glycémie à jeun initiale.
Les résultats sont révélateurs. Les diabétiques, comparés aux non diabétiques, ont une mortalité globale accrue de 80 % (RR = 1,80 ; IC 95 % : 1,71 à 1,90). Leur risque de décès par cancer est accru de 25 % (RR = 1,25 ; IC 95 % : 1,19 à 1,31). Ainsi, le diabète est modérément associé au risque de décès par certains cancers : foie, pancréas, ovaire, colon, rectum, poumon, vessie et sein.
Leur risque de décès par causes vasculaires est plus que doublé (RR = 2,32 ; IC 95 % : 2,11 a 2,56).
Leur risque de décès par causes non vasculaires et non cancéreuses est multiplié par 1,75 (IC 95 % : 1,62 à 1,85) ; le diabète (par rapport à l’absence de diabète) est associé au décès par maladie rénale, maladie hépatique, pneumonie et autres maladies infectieuses, troubles mentaux, maladies digestives non hépatiques, causes externes, auto-mutilation intentionnelle, troubles du système nerveux et bronchopneumopathie chronique obstructive.
La glycémie responsable du surrisque.
Ces risques relatifs sont considérablement réduits après ajustement pour les mesures de la glycémie, mais pas après ajustement pour d’autres facteurs de risque, comme la pression artérielle systolique, les mesures d’adiposité, les biomarqueurs d’inflammation, l’insuline, ou la fonction rénale. Ceci suggère que la glycémie est principalement responsable du surrisque de décès associé au diabète et non ces facteurs de risque.
La glycémie à jeun supérieure a 100 mg/ml est également associée au décès, mais non la glycémie comprise entre 70 et 100 mg/dl.
Les chercheurs estiment que, à l’âge de 50 ans, les personnes diabétiques mais indemnes de maladie vasculaire décéderont 6 années plus tôt que les individus non diabétiques. À titre de comparaison, la réduction de l’espérance de vie chez un fumeur pendant toute sa vie d’adulte est d’environ 7 ans.
Environ 40 % des années de vie perdues en raison du diabète peuvent être attribuées a des affections non vasculaires, dont 10 % sont attribuables a des décès par cancer. « Ces résultats soulignent la nécessité de mieux comprendre les conséquences polyviscérales du diabète », concluent les auteurs.
New England Journal of Medicine 3 mars 2011, p 829.
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