Chez les enfants ayant eu un cancer

Suivre de près les déficits hormonaux

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Publié le 09/01/2019
cancer pancréas

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Crédit photo : PHANIE

En raison des progrès remarquables apportés dans le traitement des cancers infantiles et des divers soins qui les ont accompagnés durant les dernières décennies, les taux de survie à 5 ans des cancers infantiles sont actuellement supérieurs à 80 %. La projection indique 500 000 sujets concernés aux USA à l’horizon 2020.

Cependant, en raison de leur maladie et de leurs traitements, les survivants du cancer chez l’enfant courent un risque accru de présenter un large éventail de problèmes de santé sérieux, notamment des perturbations du système endocrinien. Des données récentes indiquent que 40 % à 50 % des survivants développeront un trouble endocrinien au cours de leur vie. Les facteurs de risque de complications endocriniennes incluent à la fois les facteurs liés à l’enfant lui-même (comme l'âge, le sexe) et ceux liés au traitement qu’ils ont reçus (comme une irradiation).

L’exposition aux radiations d’organes endocriniens clés (hypothalamus, hypophyse, thyroïde et gonades, par exemple) augmente le risque de développer une anomalie du système endocrinien au fil du temps ; ces endocrinopathies peuvent se développer des décennies après le traitement du cancer, soulignant l’importance de la surveillance à vie.

Déficit en hormone de croissance

Ces endocrinopathies auraient lieu principalement au niveau hypothalamo-hypophysaires (déficit en GH), avec pour conséquence une altération de la dynamique de la croissance staturale. D’autres anomalies sont décrites : pubertés précoces, insuffisances gonadotropes, cortico-surrénaliennes et thyroïdiennes, toutes d’origine centrale.

Certes les tumeurs centrales, surtout proches de la région hypothalamo-hypophysaire, sont les premières concernées, en particulier du fait des irradiations de cette région, mais d’autres pathologies et traitements sont incriminés : irradiation du rachis ou corporelle totale, certaines chirurgies et corticothérapies.

Recommandations cliniques

Un suivi rapproché de la dynamique de croissance s'impose, avec un dépistage biologique du déficit en GH et son traitement par injection d’hormone de croissance. Ceci concerne plus particulièrement les enfants ayant eu une irradiation dans la région hypothalamo-hypophysaire (HH) et selon les doses reçues.

Le dépistage annuel, tout au long de la vie, du déficit en hormone corticotrope doit être réalisé si l’enfant a reçu ≥ 30 Gy dans la région HH, et même si la dose est inférieure lorsqu’on suspecte des signes cliniques évocateurs d'un déficit corticotrope, ainsi que la recherche d’une puberté précoce (antécédent d’hydrocéphalie ou de tumeur proche de la région HH), ou par ailleurs du déficit en LH ou en TSH...

Les facteurs liés à l’hôte sont dominés par le jeune âge de l’enfant au moment du cancer et de son traitement.

Professeur émérite, Université Grenoble-Alpes.

Charles A. Sklar et col. Hypothalamic–Pituitary and Growth Disorders in Survivors of Childhood Cancer An Endocrine Society Clinical Practice Guideline. J Clin Endocrinol Metab. 2018;103(8):2761-2784. doi: 10.1210/jc.2018-01175.

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr