Obésité et diabète

Un deuxième rapport met en cause la pollution chimique

Publié le 23/03/2012
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Crédit photo : S. Toubon

Une semaine après la publication par le Réseau environnement santé (RES) d’un rapport sur l’évaluation du lien entre environnement chimique, obésité et diabète, l’association britannique CHEM Trust rend à son tour public son « panorama scientifique des liens entre exposition chimique et risques d’obésité et de diabète ». Dans les deux cas le constat est similaire : de nombreuses études suggèrent que l’exposition à certaines substances chimiques courantes jouerait un rôle important dans le développement de l’obésité et du diabète. S’appuyant sur l’analyse de 240 publications scientifiques, les Pr Miquel Porta* et Duk-Hee Lee** jugent le niveau de preuve convaincant, « même si des facteurs éthiques et logistiques ont jusqu’à présent rendu difficile de démontrer de telles associations dans des études sur l’être humain ». Actuellement, « les éléments de preuve épidémiologique d’un lien entre l’exposition chimique et le diabète sont plus forts que ceux entre substances chimiques et l’obésité », ajoutent les auteurs. Les produits chimiques impliqués dans la prise de poids lors d’expérimentation in vitro et/ou in vivo, couvrent une large variété de substances : polluants organiques persistants (dioxines, PCB, plusieurs pesticides organochlorés, perfluorés, retardateurs de flammes bromés), Bisphénol A, organoétains, diéthylstilbestrol (DES), phtalates, pesticides organophosphorés, plomb, exposition prénatale à la nicotine, pollution particulaire des gaz d’échappement ou certains médicaments antipsychotiques.

Principe de précaution

Les produits chimiques mis en cause dans le diabète lors d’études menées sur l’être humain concernent les POP (dioxines, PCB, certains pesticides organochlorés, certains retardateurs de flammes bromés), l’arsenic, le BPA, des pesticides organophosphorés et carbamates ainsi que certains phtalates. Bien que nombre de ces produits soient aujourd’hui interdits dans les pays développés, « la population générale y est toujours exposée car ils persistent dans l’organisme et sont toujours largement présents comme contaminants dans la chaîne alimentaire », souligne le rapport de l’association britannique.

En outre, la plupart des produits chimiques incriminés sont des perturbateurs endocriniens dont les effets diffèrent selon le niveau de doses. « Il est admis qu’une exposition à de faibles doses de certaines substances chimiques entraîne une prise de poids, alors que des doses élevées de ces mêmes substances induisent au contraire une perte de poids du fait de la toxicité cellulaire », expliquent les auteurs. Les recommandations de ce rapport rejoignent celles du rapport publié la semaine dernière par le RES. À savoir : réduire l’exposition à des produits chimiques liés au diabète et à l’obésité au titre du principe de précaution, sensibiliser la population générale et les professionnels à ces risques, assurer un financement suffisant et une coordination internationale pour fournir une meilleure compréhension de l’étendue de la contamination humaine par les substances obésogènes et diabétogènes environnementaux.

* École de médecine, université Autonome de Barcelone.

** École de médecine, université nationale de Kyungpook à Daegu (Corée du Sud).

 DAVID BILHAUT

Source : lequotidiendumedecin.fr