Cancers chez l'enfant, l'adolescent et le jeune adulte

Un risque accru de développer des troubles endocriniens justifie un suivi à long terme

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Publié le 03/07/2018
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cancer gustave roussy

cancer gustave roussy
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Grâce aux progrès médicaux, la survie des patients ayant eu un cancer durant l'enfance, l'adolescence ou au début de l'âge adulte a nettement augmenté ces dernières décennies.

Ces patients présentent toutefois un risque accru de développer d'autres maladies, et notamment des troubles endocriniens, conséquences de la maladie et des traitements anticancéreux. Une étude danoise a analysé le risque de troubles endocriniens à la suite d'un cancer chez des adolescents et jeunes adultes au sein d'une large cohorte, alors que l'Endocrine Society publie des recommandations pour la prise en charge des troubles hypothalamo-hypophysaires et de la croissance chez les survivants de cancer pédiatrique.

Un risque accru de 73 %

L'étude danoise, publiée dans « JAMA Network Open », a montré un risque de maladies endocriniennes 73 % plus important chez des adolescents et jeunes adultes ayant survécu à un cancer par rapport à une population contrôle.

Cette étude a inclus 32 548 personnes ayant survécu 1 an après un diagnostic de cancer survenu entre 15 et 39 ans et 18 278 personnes n'ayant pas de cancer.

Au total, 6,5 % des patients « survivants » ont été à l'hôpital au moins une fois pour une maladie endocrinienne, les troubles les plus fréquents étant maladie thyroïdienne, dysfonction testiculaire et diabète.

Les patients ayant eu une leucémie sont les plus à risque de développer une maladie endocrinienne (RR = 3,97), suivis par ceux ayant un lymphome d’Hodgkin (RR = 3,06) et une tumeur cérébrale (RR = 3,03). Parmi les cancers les plus courants, le risque de maladie endocrinienne était 2,5 fois plus élevé pour le cancer du testicule et de 1,16 fois pour le cancer du sein. En revanche, les survivants de mélanome et de cancer du col de l'utérus présentaient un risque similaire au groupe contrôle. Les auteurs soulignent par ailleurs qu'un âge jeune au diagnostic est associé à un risque plus élevé de maladie endocrinienne.

Ces données incitent à renforcer la prévention et la surveillance chez ces patients à risque. De plus, « chaque futur patient devrait se voir offrir le traitement le moins délétère pour assurer une qualité de vie élevée après le cancer tout en maintenant des bons taux de guérison. Soigner est devenu un objectif insuffisant », conclut les auteurs.

Troubles hypothalamo-hypophysaires fréquents

L'Endocrine Society a par ailleurs publié des guidelines concernant le diagnostic et le traitement des troubles hypothalamo-hypophysaires et de la croissance survenant chez des patients ayant survécu à un cancer durant l'enfance, de 40 à 50 % de ces patients développant un trouble endocrinien au cours de leur vie. Elles sont publiées dans « The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism ».

« Bien que la prise en charge de plusieurs troubles endocriniens chez ces patients soit similaire à celle de la population non cancéreuse, les recommandations soulignent les caractéristiques propres aux survivants du cancer », indique au « Quotidien » Charles Sklar, premier auteur de l'étude.

Les troubles hypothalamo-hypophysaires sont fréquents chez les survivants d'un cancer pédiatrique. « Notamment chez ceux ayant des tumeurs touchant la région hypothalamo-hypophysaire ou ayant été exposés à l'irradiation du système nerveux central », précise Charles Sklar.

Par ailleurs, des troubles de la croissance et une petite taille à l'âge adulte sont souvent rencontrés chez les patients ayant été exposés à l'irradiation du système nerveux central, de la moelle épinière ou du corps entier.

Ces troubles endocriniens peuvent survenir plusieurs années après le diagnostic de cancer, d'où la nécessité d'un suivi à long terme.

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin: 9678