Le diabète de type 2 de l’adolescent représente un réel problème de santé publique aux USA. Une étude américaine portant sur cinq régions des USA publiée en 2014 dans le « JAMA » (Dabelea D et al.) montre une augmentation de 30, 5 % de l’incidence du DT2 de l’adolescent (95 % CI, 17,3 %-45,1 %) entre 2001 et 2009 : 588 cas de DB2 pour 1,7 million de jeunes en 2001; 819 cas de DB2 pour 1,8 million de jeunes en 2009. Dans certaines ethnies (latino-américaines, afro-américaines), près de 1/3 des diabètes de l’enfant est de type 2.
Et en France ? « Au début des années 2000 nous nous attendions à une augmentation de l’incidence du diabète de type 2 en pédiatrie dans les années à venir en raison de l’augmentation de l’incidence de l’obésité. Cela ne s’est pas produit. Les cas de diabète de type 2 de l’enfant restent aujourd’hui en France très minoritaires. Pour se faire une idée, les centres de diabétologie pédiatrique de l’hôpital Robert Debré et de l’hôpital Necker, les deux plus importants en France, diagnostiquent chaque année environ 60 à 100 nouveaux cas de diabète de type 1 contre seulement 2 à 10 pour le type 2 », explique le Dr Jacques Beltrand.
Diminution de la sensibilité à l’insuline
Typiquement le DT2 débute en cours ou à la fin de la puberté, et ne s’observe pas chez le jeune pré-pubère. Il s’agit souvent d’un adolescent obèse depuis son plus jeune âge, d’origine nord-africaine ou maghrébine, volontiers de sexe féminin, avec d’importants antécédents familiaux de DT2. La circonstance de découverte est le plus souvent une hyperglycémie avec cétonurie et/ou un syndrome polyuro-polydipsique, plus rarement une acidocétose (cependant, certaines séries retrouvent 30 % d’acidocétose révélatrice). Comme chez l’adulte, le DT2 est lié à une diminution de la sensibilité à l’insuline (insulinorésistance) et de la sécrétion d’insuline (insulinopénie).
L’examen clinique retrouve des signes d’insulino-résistance (aspect pigmenté de la peau du cou et des aisselles ou acanthosis nigricans, syndrome des ovaires polykystiques chez l’adolescente) et souvent un syndrome métabolique (obésité abdominale, HTA, dyslipidémie).
Le diagnostic de DT2 sera suspecté en service spécialisé dans un 2e temps devant cet adolescent obèse et en l’absence d’auto-anticorps du DT1, d’autant plus si l’obésité a commencé tôt dans la vie et s’il a des signes cliniques d’insulinorésistance
Le Dr Jacques Beltrand invite à retenir que « tout syndrome polyuro-polydipsique de l’enfant est jusqu’à preuve du contraire un diabète de type 1, même si l’enfant est d’une ethnie à risque ou en surpoids. Soupçonner un diabète, chez un jeune impose de mesurer la glycémie quel que soit le moment de la journée. Une glycémie capillaire suffit. Si elle est supérieure à 200 mg/dl, l’enfant doit immédiatement être adressé aux urgences pour être mis en sécurité. Demander une glycémie à jeun est sans objet et dangereux : en retardant la mesure de glycémie, on risque de méconnaître une situation qui peut rapidement conduire à une acidocétose sévère et mettre l’enfant en danger ».
Très peu d’intolérances au glucose
Surveiller épisodiquement la glycémie à jeun d’enfants très obèses dont l’obésité a débuté très tôt dans la vie a, selon le Dr Beltrand, un « intérêt est limité. L’étude française de Druet et al (2006, J. Clin. Endocr.) sur 308 enfants obèses retrouvait très peu d’intolérances au glucose (3,6 %) et plus souvent (15,9 %) un syndrome métabolique ».
Et le traitement ? « Il repose les premiers mois sur l’insuline, souvent associé à la metformine pour améliorer la sensibilité à l’insuline. Ce traitement, associé à un régime alimentaire et à la reprise d’une activité physique permet parfois un sevrage en insuline, mais qui n’est que temporaire. En quelques mois rarement années, l’insulinothérapie redevient nécessaire », précise le Dr Beltrand.
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