LE TERME « COLIQUE » est ambigu car rien ne prouve que le colon soit impliqué dans ce syndrome. Selon la définition communément admise, les coliques sont des pleurs inconsolables, plus de trois heures par jour, plus de trois fois par semaine, depuis plus de trois semaines au cours du premier trimestre de vie. Elles se produisent souvent en fin de journée, et s’accompagnent d’une agitation et de l’émission de gaz ou de rots. En dehors de ces 3-4 heures quotidiennes de hurlements, le nourrisson est en pleine forme, il grossit et grandit bien, il a des périodes d’éveil calme durant lesquelles il est attentif et souriant, l’examen est normal. La cause des coliques reste inconnue. L’anxiété parentale est considérée comme une cause favorisante. Il est sûr, en revanche que les coliques sont sources d’angoisse pour les parents et qu’un cercle vicieux peut s’installer qui ne fait qu’aggraver la situation. Par ailleurs, des études ont montré que cette période relativement brève de coliques pouvait laisser des traces durables dans la relation parents-enfant. Ainsi, à l’âge de 18 mois, des enfants qui avaient souffert de coliques et dont le comportement était considéré comme parfaitement normal selon des critères objectifs étaient jugés « difficiles » par leurs parents.
Parents épuisés : risque de bébé sécoué.
Avant même la survenue de coliques, dès la première consultation, il faudrait expliquer aux parents que le petit nourrisson boit des quantités très importantes de lait et d’air, l’équivalent pour un adulte de 8 à 10 l de boissons gazeuses par jour, et qu’il est parfaitement normal qu’il régurgite, qu’il pleure, qu’il ait des selles parfois molles, parfois dures… Informés de la fréquence et du caractère normal de ces petits troubles fonctionnels, les parents sont moins anxieux et mieux armés pour y faire face.
Il n’existe pas de traitement miracle des coliques. Mais il est essentiel d’écouter les parents et de les aider, car il y a dans certains cas, lorsque les parents sont totalement épuisés, un risque réel de passage à l’acte (bébé secoué). Faute de traitement décisif, différents petits moyens peuvent être conseillés aux parents, à eux de trouver celui qui fonctionne pour leur bébé : l’emmaillotage, plus efficace chez les très jeunes nourrissons, le bercement, la musique, la promenade dans un porte bébé, le tour du pâté de maison en poussette ou en voiture (l’Académie américaine de pédiatrie en fait même un critère diagnostique !), la tisane d’aneth, la tétine. Il faut également conseiller aux parents de se faire remplacer auprès de l’enfant lorsqu’ils se sentent trop exaspérés par les pleurs, de se relayer entre eux pour récupérer, enfin de s’armer de patience car les coliques s’amendent toujours à l’âge de 3-4 mois.
Côté médicaments, les inhibiteurs de la pompe à protons n’ont pas d’action scientifiquement prouvée et pas d’AMM dans les coliques du nourrisson.
Le changement de lait est rarement indiqué. Toutefois la prescription d’une préparation à base de protéines hydrolysées, en traitement d’épreuve, peut être utile chez les enfants qui ont des coliques importantes et des signes d’atopie, un peu d’eczéma par exemple.
Des coliques chez un enfant nourri au sein ne justifient en aucun cas l’arrêt de l’allaitement maternel.
Quant aux probiotiques, ils ont montré une certaine efficacité sur les coliques, par exemple dans des études utilisant le Lactobacillus reuteri en gouttes chez des nourrissons allaités au sein. Il reste à prouver que le Lactobacillus reuteri ajouté à un lait infantile a le même effet.
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points