Hépatite C en 2016

Consensus sur l'accès universel au traitement

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Publié le 19/12/2016
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Crédit photo : PHANIE

« La décision de l'accès universel au traitement des personnes infectées marque l'histoire de l'endémie d'infection par le VHC en France. Un accès universel sous-entend qu'un traitement puisse être proposé à toute personne infectée. Au-delà de l'intérêt individuel, le traitement a un intérêt collectif. On a 10 ans pour stopper l'endémie en France », indique le Pr Dhumeaux.

Le rapport Dhumeaux 2016 a été rédigé sous la direction du Pr Daniel Dhumeaux, sous l'égide de l'ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales) et du CNS (Conseil national du sida et des hépatites virales) et avec le concours de l'AFEF (Association française pour l'étude du foie).

Amplifier le dépistage

Concernant le dépistage, Il recommande « d'amplifier l'activité de dépistage orientée vers les personnes ayant des marqueurs ou des facteurs de risque » mais aussi dès 2017 de proposer un « dépistage ponctuel, mais universel, de la population adulte, au moins une fois dans la vie » au mieux pour les 3 virus VHC, VHB et VIH afin pour le VHC d'identifier les 75 000 sujets infectés qui l'ignorent.

Sur la prise en charge, le rapport demande l'élargissement des antiviraux à action directe aux officines de ville et insiste sur la brièveté (moins de 15 jours) du délai d'initiation du traitement par le spécialiste pour les 75 000 personnes infectées par le VHC et identifiées (seuls les patients « jugés complexes » relevant de réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP). La place centrale du médecin traitant est réaffirmée : son rôle est important « non seulement dans le dépistage mais aussi dans le suivi des patients au cours du traitement et une fois guéris. On observe déjà des cas de relâchement de comportement, concernant l'alcool, le poids, le régime alimentaire. Il ne s'agit pas de remplacer l'hépatite C par une atteinte hépatique alcoolique ou liée à un syndrome métabolique ou à un diabète ». La vigilance à redoubler auprès des populations guéries les plus exposées au risque de réinfections : usagers de drogues, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). « Le médecin prenant en charge le patient devra communiquer sur les méthodes de réduction des risques, détaille le Pr Dhumeaux. Chez les HSH, il existe une transmission sexuelle du VHC car les rapports sexuels sont fréquents et très traumatisants ».

Usagers de drogues, prison…

 

Le rapport définit 4 groupes à risque. Les usagers de drogues : le rapport Dhumeaux recommande dans ce groupe, un dépistage régulier (notamment via les TROD), de lever les a priori (sur l'efficacité du traitement, le défaut d'observance, les jugements de valeur) et de coordonner les soins « dans un même lieu, accessible et familier » (hépatologie, addictologie, psychiatrie, services d'aide sociale). Les détenus : un dépistage systématique de l'infection VHC est préconisé lors de la consultation médicale d'entrée. Pour faciliter la prise en charge en milieu carcéral le rapport pointe l'importance d'avoir dans chaque unité un médecin spécialiste du traitement à VHC. Les migrants et étrangers. Ce groupe est hautement vulnérable, en raison d'une « très grande diversité démographique, socio-économique, culturelle et épidémiologique ». Les recommandations portent sur le dépistage élargi (VHB, VHC, VIH, tuberculose, diabète, HTA, insuffisance rénale), la vaccination VHB et l'aide médico-sociale (permanence d'accès aux soins de santé ou PASS). Les sujets co-infectés VIH-VHC. Le rapport souligne l'importance d'une « offre systématique du traitement de l'infection par le VHC, en luttant contre les freins et les préjugés qui empêchent d'atteindre cet objectif ». Le recours aux RCP est mis en avant pour les situations à risque.

Dans son volet recherche, le rapport Dhumeaux 2016 insiste sur la nécessité d'interventions pour réduire le risque de réinfection chez les patients guéris et la mise au point d'un vaccin, qui doit continuer à être soutenue et développée.

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du médecin: 9544