Microbiote et syndrome de l’intestin irritable

Des pistes pour la recherche thérapeutique

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Publié le 30/04/2018
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microbiote

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Crédit photo : PHANIE

Le SII est une maladie chronique caractérisée par des douleurs abdominales associées à des troubles du transit avec différents sous-types (SII-D avec diarrhée prédominante, SII-C avec constipation prédominante et SII-M pour des formes avec alternance de diarrhée et de constipation.).

Il concerne 5-10 % de la population avec un impact important sur la qualité de vie des patients qui sont souvent insatisfaits des traitements conventionnels. Sa physiopathologie est complexe et multifactorielle. Des arguments de plus en plus solides relient les perturbations physiopathologiques du SII à des anomalies qualitatives, quantitatives ou fonctionnelles du microbiote. Ces anomalies existent chez deux tiers des patients, le dernier tiers présentant un microbiote proche dans sa composition de celui des sujets sains. « La dysbiose est différente selon le trouble du transit et la sévérité des symptômes », a souligné le Dr Pauline Jouët (Hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt). Cette dysbiose peut ainsi provoquer des troubles moteurs intestinaux et favoriser une hypersensibilité viscérale. Elle favorise l’altération de la barrière intestinale et une micro-inflammation de la paroi intestinale. Elle peut agir également via le métabolisme des acides biliaires. Enfin, la dysbiose peut provoquer une perturbation du dialogue avec le système nerveux central.

De nombreuses questions non résolues

Il existe actuellement plusieurs stratégies pour modifier le microbiote. Le régime pauvre en FODMAPs (sucres fermentescibles) peut être associé à une amélioration variable de différents symptômes (douleurs abdominales, flatulences, ballonnements…) par un mécanisme osmotique. Ce régime est difficile à suivre au long cours et on ne connaît pas ses conséquences à long terme. Des antibiotiques non absorbables comme la rifaximine ont montré une efficacité modérée (et elle n'est pas disponible en France dans cette indication). Quant à la transplantation de microbiote fécal, elle pourrait être envisagée pour certains patients, si les résultats se confirment. « Pour le moment, seules deux études randomisées ont été réalisées dans l’indication du SII. De nombreuses questions restent non résolues (facteurs prédictifs et durée d’efficacité…). Un mode d’administration sous forme de gélules de selles congelées semble mieux accepté par les patients », a déclaré le Pr Jean-Marc Sabaté (Hôpital Avicenne, Bobigny). Le moyen le plus simple pour modifier le microbiote et le seul mentionné dans les conseils de pratique de la Société nationale française de gastroentérologie (SNFGE) est d’utiliser des probiotiques qui ont fait la preuve de leur efficacité. À cet égard, la souche de Bifodobacterium infantis 35624 administrée chez des patients atteints de SII a montré une amélioration significative des douleurs abdominales, de la distension abdominale et du transit intestinal, comparativement à des patients ayant reçu un placebo.

D’après un symposium organisé par Biocodex lors des Journées francophones d’hépato-gastroentérologie & d’oncologie digestive (JFHOD).

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9661